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Entre Deux Eaux
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4 juin 2012

" Le premier homme " de Albert Camus.

camuscamus 01

" Le Premier Homme, a été le dernier roman d’Albert Camus. Lors de l’accident mortel de

l’écrivain, le lundi 4 janvier 1960, on trouvait sa serviette qui renfermait des papiers

personnels, des photos, quelques livres dont le Gai savoir de Nietzsche et une édition

scolaire d' Othello, son journal et le manuscrit qu’il était en train d’écrire pour lequel il avait

déjà trouvé le titre:

Le Premier Homme. Ce n’est qu’en 1994 qu’on a publié ce roman

inachevé dont seulement la première partie a été rédigée; seulement deux chapitres de la

deuxième partie avaient été écrits et la troisième manque totalement. Il s’agit d’un fragment

que l’auteur aurait sans aucun doute retravaillé. Ce roman est ainsi devenu le testament de

Camus, son ouvrage le plus autobiographique parce qu’il y conjure son enfance et sa

jeunesse. " (Joseph Hurt).

Roman très agréable à lire : la jeunesse de l'écrivain, orphelin très jeune du père, élevé par une mère aimante mais douce et effacée et qui se soumettait à l'autorité de la grand-mère de Camus. Milieu très modeste, peinture pittoresque de la vie à Alger et de ses quartiers populaires. L'écrivain, Jacques dans le roman, malgré le manque d'argent et le caractère dominant de sa grand-mère, semble avoir eu une jeunesse heureuse, solaire, équilibrée même s'il vivait avec son frère et ses deux mères dans un appartement exigu qui ne permettait pas beaucoup d'intimité.

A noter, une rencontre très importante dans sa vie, celle de son instituteur, Germain Louis, qui l'a aidé dans ses études et de qui il a reçu le soutien pour aller encore plus en avant. Sans cet homme, il est possible que Camus ne soit pas devenu écrivain mais, pressé par sa grand-mère pour subvenir aux besoins de la famille, aurait pu arrêter ses études et commencer à travailler.

Extrait d'une lettre de l'instituteur à l'écrivain installé en France , d'Alger le 30 avril 1959 :

" Avant de terminer, je veux te dire le mal que j'éprouve en tant qu'instituteur laïc, devant les projets menaçants ourdis contre notre école. Je crois, durant toute ma carrière, avoir respecté ce qu'il y a de plus sacré dans l'enfant : le droit de chercher sa vérité. Je vous ai tous aimés et crois avoir fait tout mon possible pour ne pas manifester mes idées et peser ainsi sur votre jeune intelligence. Lorsqu'il était question de Dieu (c'est dans le programme), je disais que certains y croyaient, d'autres non. Et que dans la plénitude de ses droits, chacun faisait ce qu'il voulait. De même, pour le chapitre des religions, je me bornais à indiquer celles qui existaient, auxquelles appartenaient ceux à qui cela plaisait. Pour être vrai, j'ajoutais qu'il y avait des personnes ne pratiquant aucune religion. Je sais bien que cela ne plaît pas à ceux qui voudraient faire des instituteurs des commis voyageurs en religion et, pour être plus précis, en religion catholique. A l'Ecole Normale d'Alger (installée alors au Parc de Galland), mon père, comme ses camarades était obligé d'aller à la messe et de communier chaque dimanche. Un jour, excédé par cette contrainte, il a mis l'hostie "consacrée" dans un livre de messe qu'il a fermé ! Le directeur de l' Ecole a été informé de ce fait et n'a pas hésité à exclure mon père de l'école. Voilà ce que veulent les partisans de "l'Ecole libre" (libre....de penser comme eux). Avec la composition de la Chambre des députés actuelle, je crains que le mauvais coup n'aboutisse. Le Canard Enchaîné a signalé que, dans un département, une centaine de classes de l'Ecole laïque fonctionnent sous le crucifix accroché au mur. Je vois là un abominable attentat contre la conscience des enfants. Que sera-ce, peut-être, dans quelque temps ? Ces pensées m'attristent profondément. "

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