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Entre Deux Eaux
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22 août 2012

" Ibiza mon amour " de Yves Michaud.

Enquête sur l'industrialisation du plaisir.

ibiza

ibiza 1

Non, ce n'est pas un livre léger, une romance dont le récit se déroulerait dans un endroit à la mode et qui nous entraînerait vers une bleuette sentimentale où l'amour se confondrait avec le soleil, la mer et la paresse sur la plage !

Le sous-titre nous le fait deviner et la personnalité de Yves Michaud également, philosophe français né à Lyon en 1944, attiré par l'esthétique (en particulier l'art contemporain), la philosophie politique anglaise (Locke, Hume), sa spécialité étant la question de la violence sociale.

Il tient également sur le site du quotidien Libération un blog consacré à des questions de société et d'actualité.

Il fréquente l'île depuis plus de vingt ans, en y résidant quelques mois par an depuis les années 80, aussi bien en période touristique qu'en morte saison. Il la connaît bien, il l'aime et nous fait partager son amour dans ce document très intéressant, je dirais même passionnant, sans porter un regard de moralisateur mais constatant seulement ce qui fait la renommée d'Ibiza, le plaisir à tout prix avec tous les excès que cela comporte !

Des années 30 avec l'arrivée des premiers "touristes" dans une île qui n'était pas encore une destination reconnue mais où les intellos de l'époque, les écrivains, les peintres, furent séduits par ses paysages, sa lumière, sa tranquillité. Suivirent les beatniks dans les années 50, puis les hippies de la fin des années 60 et du début des 70 et, depuis, le tourisme ne fit que gonfler pour devenir ce qu'il est aujourd'hui, le tourisme de masse, riche et moins riche, qui vient pour faire la fête et pour goûter à l'Ibiza Brand !

"En fait, Ibiza est une marque au sens large de brand, une marque globale, couvrant un ensemble d'expériences que l'on vient vivre à Ibiza  et que l'on aura de toute manière la satisfaction d'avoir vécues même si chacun fait une expérience différente, y compris partielle, pauvre, ou déçue. Dans la tête, dans les représentations des gens, dans leurs attentes et fantasmes,  "Ibiza" signifie musique, fête, clubbing, liberté, sexe, drogue, mais aussi soleil, criques et nature - y compris pour ceux qui n'iront que de leur chambre aux boîtes...... Il ya aussi la drogue. Cannabis, opium de certains médicaments vendus avec ou sans ordonnance, ravitaillement par Tanger, amphétamines. La consommation de drogue est tolérée, chez les étrangers (tourisme oblige !) qui font ce qu'ils veulent. Il suffit que cela reste discret."

Il y aussi la prostitution, officielle ou occasionnelle (pour se payer l'entrée d'une boîte, de la drogue, la chambre où on va loger ou sans doute s'offrir de quoi manger !).

Il y a aussi les magouilles immobilières et autres, Ibiza est un immense bordel. " D'un côté, il y a la fête, la liberté, les vacances, le plaisir, l'intensité, l'absence d'interdits - le Paradis sur terre. D'un autre, il y a la consommation à outrance, l'exploitation, la défiguration, la prostitution, les pollutions, la vulgarité, l'avilissement, l'argent, encore l'argent, toujours l'argent - le Paradis ravagé, voire l'Enfer."

N'ayons cependant pas une vue trop réductrice d'Ibiza, laquelle, comme Saint-Tropez ou autre lieu branché, peut offrir une image autre que celle entretenue par la presse et par un tourisme décadent.

Je n'aime pas le tourisme de masse, je n'aime pas les mégas soirées menées par des DJs dans des mégas boîtes au son d'une musique disco, techno ou house assourdissante ou alcools et drogues vous dépossèdent de vous-mêmes jusqu' à la violence parfois mais je crois à une Ibiza plus intime et retirée car "il reste des espaces protégés, des mondes à l'écart, des interstices où mener la vie de leur choix, et ce d'autant mieux qu'ils savent que tous les choix sont offerts. Ce n'est pas si courant ailleurs où opère partout la pression des conformismes ou de l'intolérance."

Il est vrai aussi que je n'aime jamais autant un endroit à la mode qu'en moyenne ou morte saison, où la ville semble comme à l'abandon, où elle respire plus calmement, où elle s'offre sans frénésie, où elle est nue et sans fards.

En conclusion : une approche d'Ibiza très bien documentée, une lecture passionnante mais un constat glaçant en ce qui me concerne.

Récit ravageur !

Une leçon : apprendre à être tolérant comme le sont les habitants de l'île qui acceptent (tourisme oblige comme dit plus haut !) les excès chez les touristes mais ne l'admettraient pas au sein de leurs propre familles.

 

 

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