" Le Redoutable " UGC Toison d'Or

Réalisateur : Michel Hazanavicius.

Acteurs : Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Bejo, Micha Lescot, Grégory Gadebois, Jean-Pierre Mocky, Tanya Lopert.

2017

Adapté du roman "Un An après" (2015) de Anne Wiazemsky (et quelques éléments d' "Une Année studieuse" - 2012) qui fut l'épouse de Godard de 1967 à 1979.

Appréciation personnelle : ***

"Quand je l’ai contactée par téléphone, Anne Wiazemsky avait déjà refusé plusieurs offres d’adaptation. Elle ne tenait pas à ce que ce livre devienne un film. Je me souviens que, juste avant de raccrocher, je lui ai dit que je trouvais cela d’autant plus dommage que le livre m’avait paru très drôle. Elle a tout de suite réagi en disant qu’elle aussi trouvait cela très drôle, mais que jusqu’à présent personne ne lui en avait fait la remarque. C’est ainsi que tout a commencé", confie le réalisateur. " (Allociné).

"Godard n’est pas un homme gentil, il n’a jamais cherché à l’être. Comment réaliser un film sur un personnage destructeur et paradoxal ? " (Hazanavicius).

Anne Wiazemsky est née en 1947 à Berlin, petite-fille de François Mauriac, fille de Claire Mauriac et du diplomate Yvan Wiazemsky.

Elle débuta au cinéma à dix-huit ans dans "Au Hasard Balthazar " (1966) de Robert Bresson.

Le film se situe au moment des événements de Mai 68 à Paris, alors que Godard ayant rencontré Wiazemsky et devenu amoureux, la fait tourner dans "La Chinoise" (1967), film considéré comme politique sur lequel le cinéaste compte énormément et qui fut assassiné par la critique et ne trouva pas son public, aujourd'hui considéré comme un film majeur du cinéaste.

Godard souffrit de cet échec doublé par l'émotion qu'il ressentit d'être témoin, et participant, aux événements de 68.

D'un caractère peu facile, arrogant, s'aimant d'abord sans doute avant d'aimer les autres, et attendant des autres, et de sa femme, d'être toujours de son avis, il était, faut le dire !, imbuvable, et la réussite de Hazanavicius c'est d'avoir pris le recul nécessaire pour en faire un portrait nuancé et non pas "en bloc"d'un personnage au demeurant peu sympathique mais qui arrive à être parfois touchant par un entêtement de sale gamin et drôle, parfois, involontairement ! 

Le cinéaste réussit aussi à créer la "belle" ambiance des années 60 et le "bordel" dans les rues et les unifs (la Sorbonne) qui marqua la fin des sixties !

Découverte d'une jolie actrice, libre dans sa peau !, Stacy Martin, franco-anglaise, sympathique et naturelle, prototype dans le film des jolies jeunes filles des sixties, en rôles secondaires mais non effacés, Bérénice Béjo (épouse du réalisateur) et Micha Lescot.

Je n'ai jamais aimé l'acteur Louis Garrel (fils du réalisateur Philippe Garrel et petit-fils du comédien Maurice Garrel), me paraissant un peu prétentieux et tournant beaucoup de films d'auteur nombrilistes mais je reconnais que son intreprétation de Godard est extraordinaire, une ressemblance physique sans doute un peu travaillée et un mimétisme étonnant ! Du très beau travail .... qui pourrait l'amener à être nommé aux prochains Césars, à mon avis !