" Débâcle " de Lize Spit.

" Pour une fois, j'espère entendre parler avant Laurens ou Pim d'une chose relativement atroce, arrivée à une de nos connaissances communes et cependant éloignées, pour avoir une histoire à raconter qui mériterait toute leur attention.

Une histoire analogue à celle de la touriste qui, après une fête bien arrosée au Joyeux Pullenaer, était allée pisser dans le cimetière tout proche et qui, en s'agrippant à une stèle branlante pour se relever, s'était fait écraser par "Josepha Louis, 1856-1924" - un homicide probablement involontaire. Ou le drame de cet agent de la police locale qui avait été appelé pour la mort de sa propre femme. Ou bien l'anecdote sur cet homme qui, vêtu d'un pantalon d'escalade et armé d'une tronçonneuse, était monté dans un arbre pour l'élaguer, mais qui, déstabilisé par un retour de branche, s'était décapité lui-même avant d'être découvert au bout de quelques jours par un postier.

Le besoin de participer à la propagation de ce type de nouvelles est plus fort que moi, un peu comme l'envie de faire pipi : je peux me retenir, pas pas m'en débarasser. Dans ce village, pour être remarqué, il faut avoir quelque chose de remarquable à raconter. "

Ce qui m'a attiré dans les nouveautés à la FNAC, c'est la couverture francophone du livre même si à priori elle semble hors contexte (la couverture flamande est, quant à elle, tout-à-fait dans le propos), tout au plus en l'analysant pourrait-on, comme l'a exprimé une lectrice, y voir la perte de l'innocence.

Couverture d'une très belle esthétique mais dérangeante aussi, la petite fille au visage désabusé et à l'expression triste et ce geste de femme qui tient nonchalamment une cigarette qui se consume ! Interrogation, malaise, trouble, un décalage qui intrigue et perturbe .... !

Et puis il y a le quatrième de couverture qui incite à la découverte du livre : " Véritable coup de tonnerre dans le paysage littéraire aux Pays-Bas et en Belgique, immense succès de librairie qui a valu à son auteur les plus grands éloges, Débâcle est un roman choc, servi par une écriture hyperréaliste et intransigeante. Une expérience de lecture inoubliable ". 

Si le roman m'a paru un peu long, il n'empêche que l'auteur a l'audace d'une très grande sincérité de propos, dans cette histoire noire et cruelle, elle utilise les mots qu'il faut et qui correspondent au mieux sans chercher à préserver la sensibilité du lecteur. Nous faire sentir la vie dans un boug perdu et la place que peuvent s'y faire trois ados pour lutter contre la solitude, les frustrations, l'ennui, l'éveil des sens.

Secouer, le lecteur peut l'être .... !  La vie n'est pas un long fleuve tranquille et l'être humain possède très jeune déjà cette capacité de faire le mal de manière très insouciante et irresponsable pour satisfaire ses propres pulsions, ses faims !

Laurens, Pim et Eva naissent à Bovenmeer, en 1988, petit village flamand, ce seront les trois seules naissances de l'année. Ils deviennent inséparables jusqu'à l'adolescence, lorsque les personnalités se forment, se construisent, ou l'innocence se perd en cet été 2002 où les deux garçons vont inventer un jeu cruel auquel Eva participera pour ne pas être mise de côté !

Marquée par cet été maudit, Eva reviendra au village treize ans plus tard .... !

Lize Spit serait-elle la nouvelle coqueluche de la partie flamande du pays et des Pays-Bas !? Ce roman lui a valu trois prix littéraires importants. Elle vit à Bruxelles et enseigne l'écriture de scénarios.