" Les prénoms Epicènes " de Amélie Nothomb

" Un mot épicène est un mot qui n'est pas marqué du point de vue du genre grammatical et peut être employé au masculin et au féminin sans variation de forme. "

Important de le savoir avant d'entreprendre la lecture du livre, je ne connaissais pas, par ailleurs, cette expression !

C'est une histoire évoquant le mensonge, la trahison, le malentendu mais aussi le rapport au père et la haine du père quand celui-ci ne ressent que de l'indifférence pour sa fille, Epicène, et donc alimente cette haine ressentie par sa fille.

Dominique (elle !), rencontre Claude (lui !), une relation s'en suit qui se concrétise par un mariage et Dominique accepte de quitter Brest et de le suivre à Paris.

Une fille naît que l'on prénomme Epicène.

C'est une tragédie car Dominique ne se rend pas compte que tout est faussé, que sa vie n'est pas la sienne, que son existence est niée, que son mariage n'est que de l'apparence et quand la trahison lui sera révélée, et l'humiliation, ce n'est pas d'elle que viendra le geste ultime de la vengeance .

La fin de l'histoire est terrible, cruelle, machiavélique .... jubilatoire !! Amorale !? Mais ce sont les plus belles fins, celles qui permettent de nous dégager de tout lien moral et de se sentir le plus libre possible !

A chaque année un nouveau livre, Amélie a ses fans, fidèles, comme moi, on peut lui reprocher de ne plus surprendre comme à ses débuts, d'être sur les rails d'un certain style, de se reposer sur lui, parmi ses dernières publications, il y eut des mineures et des meilleures, mais elle n'a jamais manqué d'originalité ni d'imagination, son style est net et précis et ses quelques expressions assassines m'enchantent.

" Dominique soupira. A douze ans, sa fille avait la sociabilité d'un bigorneau . "

J'ai beaucoup aimé ce livre jusqu'à avoir eu le besoin de le relire dans la foulée après avoir était éclairé par la fin tragique !

" Quand Dominique eut quitté la pièce, l'enfant se rappela le temps béni où elle estimait qu'un père n'avait aucune importance. Comme elle s'était trompée ! A présent , la vérité lui apparaissait dans toute son horreur. Le père, c'était la porte de l'existence : que l'on veuille entrer ou sortir, il fallait obtenir son blanc-seing. Si le père était pourri, la porte était condamnée. "