Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Entre Deux Eaux
Derniers commentaires
29 mars 2019

" Elise ou la vraie vie " de Claire Etcherelli

elise-500x500

Claire-Etcherelli

Trouvé dans la boîte aux livres ce premier roman de Claire Etcherelli édité en 1967.

Je ne l'avais pas lu à l'époque mais je me souviens du remous qu'il a provoqué et il fut adapté au cinéma en 1971 par le cinéaste Michel Drach qui offrit le rôle à sa femme, l'actrice Marie-Josée Nat.

Nous sommes à la fin des années 50 à Paris, à la veille de l'indépendance de l'Algérie.

Récit autobiographique, admirablement écrit, sur un thème plutôt ingrat, celui de la condition ouvrière et du travail à la chaîne dans l'usine Renault, et pourtant l'écrivaine tient son lecteur en haleine et en complète empathie avec son héroïne.

Si la condition du travail des ouvriers est très bien rendue, l'atmosphère dans la capitale l'est tout autant dans sa description du racisme ordinaire vécu dans ce contexte particulier d'une Algérie qui aspire à se séparer de la mère-patrie ! 

Beaucoup d'algériens vivent en France et souffrent du racisme et de ces fameuses ratonnades dont ils sont victimes très souvent. On en retrouve certains morts noyés dans la Seine !

Même si leurs papiers sont en ordre, il est préférable d'éviter les contrôles, tout peut déraper très vite; une patrouille de police dans la rue ou à l'entrée d'une bouche de métro ou dans une gare, il vaut mieux bifurquer dans une rue pour éviter le face-à-face même si l'on n'a rien à se reprocher.

Lorsque Elise s'éprend de l'un de ses camarades de travail, Arezki, elle sait qu'ils vont devoir cacher leurs sentiments car une femme française qui sort avec un arabe n'a plus aucune considération de la part de sa communauté, elle est méprisée. 

Cinquante-deux ans après, le récit demeure fort, intense, tragique et révoltant !

" En redescendant vers les Ternes, il me dit : "tu as froid", et nous entrâmes dans un établissement où la terrasse était chauffée. Mais il préféra l'intérieur, choisit deux places et commanda deux thés.  C'était toujours le même processus. Les voisins nous considéraient en silence pendant quelques secondes et il était facile de déchiffrer leurs pensées. J'essayai de me dire : " Quoi, c'est Paris, c'est la ville des proscrits, des fuyards du monde entier ! On est en 1957. Est-ce que je vais perdre contenance pour quelques regards ? Nous sommes un objet de scandale dans ce beau quartier. Faut-il en vouloir à ces gens ? " .... Mais que fait la police ? Voir un de ces types-là s'asseoir à vos côtés, dans un endroit convenable où vous avez donné rendez-vous à quelque belle fille que vous raccompagnerez dans votre voiture garée tout près de là, voir un arabe accompagnée d'une française ! - elle est française et boniche assurément, ça se devine à son allure. - On est en guerre avec ces gens-là .... Que fait la police ? Non, pas les faire souffrir, nous sommes humains. il y a des camps, des résidences où les assigner. NET-TO-YER Paris. Celui-ci a peut-être une arme dans sa poche. Ils en ont tous .... Chacun de leurs regards disait cela. "

 

18822164_20130725183439281

ob_9132de_1970-elise-ou-la-vraie-vie-01

 

 

Publicité
Commentaires
Entre Deux Eaux
Publicité
Archives
Entre Deux Eaux
Visiteurs
Depuis la création 69 959
Publicité