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23 mai 2020

" Refuge " - ARTE (Billet Allociné)

Diffusé ce 22 mai, à 20h50, sur Arte, "Refuge" de Marc Brummund plonge les spectateurs dans le calvaire d'un camp de rééducation en Allemagne à travers les yeux d'un héros rebelle et bouleversant.

Je viens de le visionner !
Appréciation personnelle : ***
Excellent commentaire de Allociné !
Bouleversant et excellente interprétation !

 

Copyright Zum Goldenen Lamm/Boris Laewen

L'enfer des maisons de correction a souvent été un sujet fort exploité au cinéma et à la télévision. Parmi les références les plus notables, on pense bien sûr au chef-d'œuvre d'Alan ClarkeScum, sorti en 1979, ou plus récemment à Dog Pound, du Français Kim Chapiron, sorti en 2010. Avec Refuge, le réalisateur Marc Brummund ancre son récit dans le réel en racontant le destin de Wolfgang Rosenkötter, qui, en 1961, a passé quinze mois entre les murs du camp de redressement Freistatt, en Allemagne. Le film, diffusé ce 22 mai, à 20h50, sur Arte, s'inspire directement de son témoignage et du livre qui lui avait été consacré en 2006, intitulé Schläge im Namen des Herrn et coécrit avec le journaliste Peter Wensierski.

1968. Le jeune Wolfgang, quatorze ans, est un garçon vif, passionné, aimé de ses amis, qu'il entraîne souvent à enfreindre les règles. Choyé par sa mère, avec qui il partage un amour fusionnel, presque incestueux, l'adolescent se retrouve, en revanche, confronté à la haine de son beau-père qui l'envoie dans une maison disciplinaire pendant plusieurs mois. Arrivé sur les lieux, Wolfgang découvre un monde qu'il n'avait jusqu'alors jamais soupçonné. Encadré par des éducateurs sans scrupule et des rites religieux quotidiens, le centre devient le noyau d'une violence exacerbée, qui force les jeunes pensionnaires à abandonner leur innocence pour embrasser leur monstruosité.

Histoire de la violence

Le long-métrage - qui n'a jamais bénéficié d'une sortie cinéma en France - dresse le portrait puissant d'un héros, brillamment interprété par Louis Hofmann, qui n'est pas sans rappeler le personnage d'Antoine Doinel dans Les Quatre cents coups. Toutefois, Refuge se démarque fortement du film de François Truffaut de par sa brutalité et ses séquences de torture, physiques comme psychologiques, filmées sans filtre devant la caméra de Marc Brummund. La mise en scène du cinéaste se veut simple, même si efficace, pour mettre davantage en avant la noirceur de son récit. La violence qui règne sous le toit de cet institut, exprimée par les coups et les excès de rage, fait ressurgir un nouveau visage chez les jeunes protagonistes, qui se métamorphosent au fur et à mesure que l'histoire progresse. Piégés dans un système tourné vers la peur et l'intimidation, ils vont devoir se rattacher à leurs instincts de survie pour faire face à l'autorité du directeur et de ses employés.

Copyright Zum Goldenen Lamm/Boris LaewenPlan extrait du film "Refuge".

Pourtant, Refuge ne complaît jamais dans la gratuité et ne se contente pas d'être un énième drame sensationnaliste. Le film utilise, tout au contraire, ses images fortes pour servir un propos historique et effectuer un devoir de mémoire. Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, de nombreux centres, comme celui de Freistatt, accueillaient de jeunes allemands pour les soumettre à de la maltraitance et des travaux forcés dans l'objectif de parfaire leur éducation. Au total, plus de 800 000 garçons et filles auraient été admis au sein de trois mille instituts après 1945. Au-delà de son intensité dramatique, Refuge est une œuvre nécessaire, qui met en lumière une période souvent oubliée et qui rend un bel hommage aux victimes de ce système de repression. Les anciens pensionnaires de ces centres ne seront indemnisés qu'en 2010 par le gouvernement Allemand. 

Après sa diffusion, le film est disponible en replay sur le site d'Arte jusqu'au 20 juin 2020.

 

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