Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Entre Deux Eaux
Derniers commentaires
25 février 2012

" Limonov " de Emmanuel Carrère

limonovcarrere

Prix Renaudot 2011.

 

Portrait de l'écrivain russe Edouard Limonov.

Un portrait brutal, vrai, frontal, sans concession mais aussi sans porter jugement d'un homme fascinant, ayant vécu des sensations extrêmes dans une vie aventureuse et douloureuse, ayant toujours suivi sa propre logique qui nous égare parfois ! Héros, monstre, sympathique ou antipathique, ambigu, haï ou adoré, il nous bouscule, nous irrite mais nous fascine  et, dans sa soixantaine séduisante et toujours séducteur, il demeure "allumé" !

Récit passionnant et j'ai tourné les pages sans avoir jamais envie d'en abandonner la lecture.

Prix vraiment mérité !

Bien entendu, d'avoir approché le personnage me donne envie de partir à la rencontre de ses livres dont deux se trouvent à la FNAC.

 

New York 1975-1980.

" Plein de pitié pour lui-même, il regarde son corps qui est beau, jeune, vigoureux, et dont personne n'a besoin. Beaucoup de femmes, si elles le voyaient, seul et nu sur son lit, aimeraient le caresser, et beaucoup d'hommes aussi. Depuis qu'Elena l'a trahi, il s'est souvent dit que c'est mieux d'avoir une chatte qu'une bite, que c'est mieux d'être chassé que chasseur et que ce qu'il aimerait, c'et qu'on s'occupe de lui comme d'une femme. Ce qui serait bien, au fond, c'est d'être pédé. A trente-trois ans, il a l'air d'un adolescent, il sait qu'il plaît aux hommes, il leur a toujours plu. Fidèle au code d'honneur de Saltov, il a toujours tourné leur désir en dérision, mais maintenant il s'en fout, du code d'honneur de Saltov. Il a besoin d'être protégé et choyé, quitte à traîner de haut ceux qui le protègent et le choient. Il a besoin d'être Elena à la place d'Elena. "

 

" J'ai envie de toi, dit Edouard; Tu veux qu'on fasse l'amour ?

Ils se mettent à s'embrasser, à se caresser. Le jeune Noir a la peau douce et, sous ses vêtements malodorants, un corps musclé, compact, assez semblable au sien. Lui aussi remue la tête, les yeux mi-clos, et il murmure : "Baby baby...." Edouard se penche, défait sa ceinture, impatient de savoir si c'est vrai, ce qu'on dit des bites de nègres. C'est vrai : elles est plus grosse que la sienne. Il la prend dans sa bouche et, s'allongeant sur le sable, lui-même bandant très fort, la suce longuement, en prenant tout son temps, comme s'ils avaient l'éternité devant eux. Ca n'a rien de furtif, c'est paisible, intime, majestueux. Je suis heureux, pense Edouard : j'ai une relation. L'autre se laisse totalement faire, confiant, abandonné. Il lui caresse les cheveux râle doucement, finit par jouir. Edouard connaît déjà le goût de son propre sperme, il adore celui du jeune Noir, avale tout. Pui, la tête contre sa queue vidée il se met à pleurer.

Il pleure longtemps, c'est comme si toute la souffrance accumulée depuis le départ d'Elena se débondait et le jeune Noir le prend dans ses bras pour le consoler. "Baby, my baby, you are my baby...."

Publicité
Commentaires
Entre Deux Eaux
Publicité
Archives
Entre Deux Eaux
Visiteurs
Depuis la création 69 979
Publicité