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Entre Deux Eaux
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23 juin 2012

" Rien ne s'oppose à la nuit " de Delphine de Vigan

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Son succès fut immédiat et le livre reçut plusieurs prix littéraires :

Prix roman Fnac France,

Prix roman France Télévisions,

Prix Renaudot des lycéens.

Prix des lectrices de "Elle".

Portrait d'une mère, à la recherche de ce qui a pu la mener à une certaine forme de folie, essayer de la comprendre, de s'en approcher, sans la juger et de la capter dans ce qui fut sa jeunesse au sein d'une famille nombreuse, elle était la troisième d'une fratrie de neuf enfants. Tout un environnement qui  a déterminé sa vie d'adulte et son parcours chaotique.

C'est une famille où tout est arrivé, le bonheur comme le malheur, le solaire comme l'obscur, des choses étaient tues, des fracas se sont produits, des morts sont survenues, dramatiques,mais il y eut aussi des sourires et des rires.

Lucile, la mère, a fait son chemin au sein du "troupeau " familial avec une certaine distance peut-être, elle observait, elle ne s'exprimait pas trop, elle était secrète, elle était sensible, elle était fragile.

L'écriture est simple, "pas de termes recherchés ni de vaines élégances", mais l'auteur a su trouver le ton pour nous raconter sa mère et son environnement familial, prenant le lecteur par la main sans jamais la lui lâcher et nous procurant l'émotion nécessaire pour que l'intérêt ne le quitte jamais. Cette famille devient, en quelque sorte, la nôtre et des douleurs et des blessures comme des moments heureux qui nous sont relatés, nous les ressentons comme un vécu qui trouve place dans notre propre vie, nous pavenons à en extirper des éléments qui parlent à notre coeur et à notre ventre.

Je n'ai pas du tout le même passé familial et, pourtant, vers la fin du livre, mon coeur s'est serré, des larmes sont venues car, à travers nos différences, le sentiment est là qui nous renvoie à soi.

Que l'on ne pense pas que ce soit un livre lourd et oppressant, c'est un livre sur la vie, et sur le point d'interrogation qu'elle est, avec le meilleur comme avec le moins bon, avec notre part de responsabilité comme avec la part d'inconnu que nous ne pouvons pas toujours gérer.

" La douleur de Lucile, ma mère, a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d’adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi, mais toute tentative d’explication est vouée à l’échec. L’écriture n’y peut rien, tout au plus me permet-elle de poser les questions et d’interroger la mémoire.  La famille de Lucile, la nôtre par conséquent, a suscité tout au long de son histoire de nombreux hypothèses et commentaires. Les gens que j’ai croisés au cours de mes recherches parlent de fascination ; je l’ai souvent entendu dire dans mon enfance. Ma famille incarne ce que la joie a de plus bruyant, de plus spectaculaire, l’écho inlassable des morts, et le retentissement du désastre. "

" Je ne sais plus quand est venue l'idée d'écrire sur ma mère, autour d'elle, ou à partir d'elle, je sais combien j'ai refusé cette idée, je l'ai tenue à distance, le plus longtemps possible, dressant la liste des innombrables auteurs qui avaient écrit sur la leur, des plus anciens aux plus récents, histoire de me prouver combien le terrain était miné et le sujet galvaudé, j'ai chassé les phrases qui me venaient au petit matin ou au détour d'un souvenir, autant de débuts de romans sous toutes les formes possibles dont je ne voulais pas entendre le premier mot, j'ai établi la liste des obstacles qui ne manqueraient pas de se présenter à moi et des risques non mesurables que j'encourais à entreprendre un tel chantier. Ma mère constituait un champ trop vaste, trop sombre, trop désespéré: trop casse-gueule en résumé. J'ai laissé ma soeur récupérer les lettres, les papiers et les textes écrits par Lucile, en constituer une malle spéciale qu'elle descendrait bientôt dans sa cave. Je n'avais ni la place ni la force. Et puis j'ai appris à penser à Lucie sans que mon souffle en soit coupé.... "

 

 

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