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Entre Deux Eaux
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4 juillet 2012

" Alger sans Mozart " de Canesi et Rahmani.

AlgerCouv

alger

 

Louise est au centre de ce roman choral qui traite de l'Algérie, de son histoire, de l'Algérie française, de son indépendance, de la montée de l'islamisme, des rapports haine-amour avec la France.

Louise n'a jamais voulu quitter Alger et a subi l'évolution du pays et de sa ville avec amertume, avec ironie,  avec cynisme, avec colère, avec tristesse, portée par la nostalgie d'un monde qui disparaissait peu à peu. Alger la française devenait Alger l'arabe et seule la vue de son balcon sur le port ou sur les montagnes qui séparent la ville de l'arrière-pays, pouvait faire croire à l'éternité !

Louise, la belle, que l'on comparait à Rita Hayworth dans sa jeunesse, qui voulut croire à un avenir dans la ville où elle naquit, qui refusa toujours de rejoindre la France, car son pays c'était l'Algérie, épousa par amour Kader, se sentit alors encore plus appartenant à ce pays mais, au bout de quelques années, le couple divorça et ce fut le début du délabrement de la vie de Louise et d'une solitude qui fut sa compagne de vie, où elle se perdit ! Peu à peu, sa beauté, sa minceur, sa coquetterie, ne furent plus que des souvenirs et dans la Louise vieillie qui se laissait aller, rien ne rappelait la jeune fille radieuse qu'elle fut. Elle faisait, avec son mari, partie de la nomenklatura d'Alger, menant grand train de vie, elle n'est plus qu'une grosse femme flétrie et amère qui survit dans un petit appartement et qui ne reçoit d'apaisement que dans la visite régulière de Sofiane, dix-huit ans, le fils de ses voisins qui vient de perdre sa mère. Il trouve en elle un substitut de présence maternelle et il permet à Louise de parler, d'évoquer sa vie passée et de l'entretenir d'une Algérie que Sofiane trop jeune, n'a pas pas connue.

A travers l'histoire de l'Algérie et des quelques personnages qui en composent l'histoire, et même si l'Algérie et le Maroc sont très différents, ils ont cependant une couleur commune laquelle délivrée par les pages du livre me ramène à "mon" Maroc des années soixante dont je ne parviens pas à me libérer. Je lis et je vois et je ne pouvais qu'être intéressé par ce récit même si, parfois, j'aurais aimé que les auteurs remuent davantage en profondeur cette histoire d'un pays blessé. Il m'a semblé rester en surface là où j'aurais aimé sentir davantage sans pour autant que l'intérêt de la lecture en soit diminué. Bien au contraire, la soirée d'hier, je n'ai pas lâché le livre et l'ai terminé.

" La côte imprécise, ébauche lente à venir tamisée par la brume du matin, pénètre l'horizon. La Casbah, immaculée, bascule du haut de ses collines dans la baie, à peine contenue par le front de mer. L'harmonieux collier d'arcades encadre l'enchevêtrement désordonné de la ville ottomane.

L'ordre européen et l'exubérance orientale dansent un pas de deux. J'ai vu tant de photos et de films, la réalité est incomparable.

L'Amirauté, harmonie de coupoles, de murs lisses et de moucharabiehs. Les bateaux de plaisance oscillent au gré du vent dans le cliquetis des gréements. Les mouettes, les murs de la ville, les voiliers, le ciel azur clair du matin composent un aveuglant camaïeu. La ville est ceinturée d'arbres, un vert profond couvre les hauteurs. Trois couleurs : vert, blanc, bleu.....

....Alger est saisissante.  La Sublime Porte et Napoléon III enlacés. J'aperçois l'immeuble de Louise, elle doit guetter mon arrivée du balcon, comme avant. Mes mâchoires se serrent, la ville me prend à la gorge. Une sensation oubliée revient : l'angoisse, j'ai retrouvé l'angoisse ! ".

 

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