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Entre Deux Eaux
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12 juillet 2012

" Dans les forêts de Sibérie " de Sylvain Tesson.

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sylvain

" Je m'étais promis avant mes quarante ans de vivre en ermite au fond des bois. Je me suis installé pendant six mois dans une cabane sibérienne sur les rives du lac Baïkal, à la pointe du cap des Cèdres du Nord. Un village à cent vingt kilomètres, pas de voisins, pas de routes d'accès, parfois, une visite. L'hiver, des températures de -30 °C, l'été des ours sur les berges. Bref, le paradis. J'y ai emporté des livres, des cigares, et de la vodka. Le reste - l'espace, le silence et la solitude - était déjà là. Dans ce désert, je me suis inventé une vie sobre et belle, j'ai vécu une existence resserrée autour de gestes simples. J'ai regardé les jours passer, face au lac et à la forêt. J'ai coupé du bois, pêché mon dîner, beaucoup lu, marché dans les montagnes et bu de la vodka, à la fenêtre. La cabane était un poste d'observation idéal pour capter les tressaillements de la nature. J'ai connu l'hiver et le printemps, le bonheur, le désespoir et, finalement, la paix. Au fond de la taïga, je me suis métamorphosé. L'immobilité m'a apporté ce que le voyage ne me procurait plus.Le génie du lieu m'a aidé à apprivoiser le temps. Mon ermitage est devenu le laboratoire de ces transformations. Tous les jours j'ai consigné mes pensées dans un cahier. Ce journal d'ermitage, vous le tenez dans les mains. "

Et je t'en remercie, Sylvain, pour m'avoir permis de t'accompagner dans cette - dans ton ! - aventure qui trouve un écho dans ce que je ressens au fond de moi, ce besoin de solitude et de se décaler par rapport à l'environnement.

Ce "pas de côté ", jolie formule, qui t'a entraîné vers la froide Sibérie, je n'en aurais pas eu le courage, j'aurais choisi une retraite plus douce, moins éloignée mais plus proche de ma sensibilité et de ce que recherche mon coeur. M'isoler sur une terrasse de la place Djemaa El Fna à Marrakech, un livre à la main ou un cahier et un stylo, un thé ou un café, et contempler le spectacle de la vie : être présent mais en retrait ! S'effacer et regarder, être témoin et pas acteur, garder la distance nécessaire pour ne pas être porté vers un ailleurs qui m'incommoderait ! Ou alors disparaître dans l'un des jardins de Marrakech avec espoir de non retour ! Ou, pourquoi pas, dans une oasis verdoyante entourée de sable laquelle, on le sait, est en général peuplée mais où l'activité humaine est à la dimension humaine ! Les gestes nécessaires au déroulement du quotidien, l'harmonie entre l'homme et la nature, et le respect de celle-ci puisqu'elle nous procure la vie.

Ton séjour sur les bords du lac Baïkal a duré six mois et je l'ai suivi avec une attention toute fraternelle car j'ai aimé ton livre, ta description de la nature, des montagnes, du lac, de la neige, de la glace, du vent, le silence, la survie par les livres, la vodka !, quelques visites, tes deux chiens, l'immensité autour de toi et les ballades qui relevaient souvent du parcours du combattant, nature hostile qui ne s'offre pas facilement mais derrière une apparence d'inaccessibilité, le bonheur de contempler la beauté en s'abandonnant entièrement à elle !

Dans un univers aussi isolé et lointain, apprendre à gérer ses souffrances, ses désespoirs, ses mauvaises humeurs, ses questions, se remettre justement en question sans autre aide que soi-même face à soi-même.

" Et si la liberté consistait à posséder le temps ? Et si le bonheur revenait à disposer de solitude, d'espace et de silence - toutes choses dont manqueront les générations futures ? Tant qu'il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. "

 

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