" Mary Ann en automne " de Armistead Maupin.

" Comment tu fais ?

- Comment je fais quoi ?

- Pour ne pas être jaloux

- Qui a dit que je ne l'étais pas ?

- Alors pourquoi tu acceptes ? "

Il hausse les épaules.

" On s'est mis d'accord là-dessus il y a des années. Pour moi, c'est le prix à payer. "

Elle fronça les sourcils.

" Tu en parles comme d'un tour de manège.

- Eh bien.... "

Il essaya de prendre un air coquin.

" Sérieusement, Mouse, pourquoi ?

- Parce qu'un mec sait comment les mecs fonctionnent. Je sais comment j'étais à l'âge de Ben. Toi aussi, d'ailleurs. Tu étais là. "

Elle apprécia ce clin d'oeil à leur jeunesse tumultueuse, mais cela ne la convainquit pas pour autant.

" Mais si deux personnes s'aiment, si elles se marient, bon sang....

- ....eh bien, elles ont le bon sens de ne pas bazarder leur relation à cause d'un bon coup de queue. Elles savent qu'il y a des choses bien plus importantes. "

Elle se demanda si cette déclaration n'était pas une allusion à peine voilée à sa situation avec Bob.

" Mais il doit y avoir des règles, Mouse, il le faut.

- On en a. Trasnparence totale, pour commencer. Ensuite, on se retrouve au lit ensemble à la fin de la journée. On s'est engagés pour la vie et notre coeur est exclusivement réservé à l'autre. Comme ça, on a l'amusement et la constance. Si la monogamie prime sur la fidélité, on est sûr de souffrir. Ce sont les mensonges qui te démolissent, pas le sexe.  

Littérature légère, livre "contournable" si je n'avais pas en main l'épisode 8 des célèbres "Chroniques de San Francisco". Ca s'essoufle quelque peu, mais comment faire autrement !!,  Mary Ann a 57 ans, Michael Tolliver, la soixantaine, les années de jeunesse tumultueuse sont passées et Mary Ann revient à San Francisco vingt ans après l'avoir quitté pour se réfugier auprès de son ami Michael, alors qu'elle traverse une période difficile de sa vie, fragilisée par sa santé - un cancer annoncé - et par sa vie sentimentale, découvrant sur le net l'infidélité de son mari. Paumée, est-elle !

J'ai envie d'être indulgent parce que Armistead Maupin, au cours de ses chroniques, m' a appris à aimer tout ce petit groupe d'individus et, à chaque épisode, je les retrouvais comme je retrouve des amis. Je vieillis avec eux, (n'ai-je pas le même âge à peu près que Michael !?), je me projette dans l'histoire, je me suis crée mes propres images, je me retrouve dans un univers familier.

Ce n'est pas un bouquin à se prendre la tête, c'est juste un divertissement qui se lit très vite mais avec sympathie et qu'importe s'il manque de nerf, s'il nous emmène vers une lecture très "ronron", s'il s'égare parfois vers des anecdotes quelque peu invraisemblables qui déforcent le récit sans jamais pour autant que je n'aie envie d'en arrêter la lecture.

Anna Madrigal est toujours vivante mais très vieille.

Nous en saurons plus dans le neuvième épisode qui devrait paraître au cours de l'an prochain !