" Thérèse Desqueyroux " UGC Toison d'Or

Réalisateur : Claude Miller.

Acteurs : Audrey Tautou, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Catherine Arditi, Isabelle Sadoyan, Stanley Weber, Francis Perrin, Jean-Claude Calon.

2012

Appréciation personnelle : **

D'abord, il y a le roman de François Mauriac écrit en 1927, puis le film de Georges Franju sorti en 1962 interprété par Emmanuelle Riva, Philippe Noiret, Samy Frey et enfin le film de Claude Miller, et son dernier film, puisque le cinéaste nous a quittés le 4 avril dernier.

Classique de la littérature française, largement conseillé par les profs de littérature en secondaire, il fut, en 1950, inclus dans la liste du Grand Prix des meilleurs romans du demi-siècle.

Emmanuella Riva obtint la Coupe Volpi pour la meilleure interprétation féminine à la Mostra de Venise 1962. Je sais que ce film fit partie de mes grands souvenirs cinématographiques de ma période adolescente, sans doute grâce au jeu de Emmanuella Riva mais aussi au personnage ambigu qui m'a fasciné !

Je n'ai pourtant conservé dans mon souvenir aucune image qui me rappelle le film et déplore de ne pas le trouver en dvd car, après avoir relu le livre récemment, j'aurais aimé revoir le film et la grande Riva !

Je pouvais craindre la reprise du rôle par Tautou que j'aime bien par ailleurs. Succéder à Riva est délicat, je ne peux comparer tant que je n'ai pas revu le film de Franju mais Audrey Tautou, à la fois fragile et déterminée, est vraiment à l'aise dans ce rôle ambigu de jeune femme libre, indépendante, forte, froide, à l'étroit au sein d'une bourgeoisie de province qui lui assure un avenir conventionnel et sans aucune surprise qu'elle va accepter cependant en épousant un fils de famille pour une union où elle ne pourra pas d'épanouir.

A-t-elle voulu, délibérement ou non, empoisonner son mari ? Celui-ci interprété par Lellouche, confortable lui aussi dans son rôle ( mais je ne parviens pas à aimer cet acteur ! ) ira jusqu'à la disculper pour préserver l'honneur de la famille et sauver les apparences !

Cinéaste davantage artisan que novateur, Miller nous propose une version très académique, manquant de souffle dramatique et dont la progression se fait sans qu'aucune émotion ne naisse sauf à la scène finale où le couple, avant de se séparer, à une terrasse de café parisienne, se retient de dire ce qui aurait pu encore être dit !

Cependant, portrait réussi d'une bourgeoisie de province début de siècle, où les mariages sont arrangés suivant les intérêts familiaux, où la femme se doit de rester à sa place, où les hommes ont le pouvoir et la parole et où les convenances, et avec cela les hypocrisies, peuvent détruire la vie et les espérances d'un être humain.

La photo est belle et le film se laisse voir sans déplaisir.