Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Entre Deux Eaux
Derniers commentaires
11 décembre 2012

" Dans le jardin de la bête " de Erik Larson.

larson 01

larson 03

Un thriller politique passionnant mais surtout un document très intéressant sur le Berlin des années 30, en particulier de 1933 à 1937, années pendant lesquelles fut nommé à Berlin le premier ambassadeur américain (William E. Dodd) qui y résida en famille avec son épouse, sa fille Martha et son fils Bill.

Récit qui ne passe pas inaperçu puisqu'il intéresse Hollywood, que Tom Hanks en a acquis les droits et compte le produire en interprétant le rôle de l'ambassadeur et que le cinéaste approché pour réaliser le film n'est autre que Michel Hazanavicius ( "The Artist ").

Je signale qu'un autre livre de cet écrivain, thriller basé aussi sur une histoire vraie : " Le diable dans la ville blanche ", sera adapté en 2014 avec Leonardo DiCaprio dans le rôle d'un médecin devenu tueur en série à la fin du XIXe siècle.

C'est à travers les regards de l'ambassadeur et de sa fille que nous découvrons la réalité de la vie à Berlin mais leur approche n'est pas la même.

L'ambassadeur est encore sous le charme du souvenir de son séjour, des années auparavant à Leipzig alors qu'il était étudiant, d'un peuple aimable et cultivé et, s'il réprouve la brutalité qui s'installe dans la vie au quotidien et les violences commises contre les juifs, il admet " qu'un peuple a le droit de se gouverner et que les autres peuples doivent faire preuve de patience ".

Au début de son séjour, il croit encore à la sincérité d' Hitler dans sa volonté de paix avant d'être confondu par l'horreur qui s'installe. Il se montre impuissant pour prouver aux Etats-Unis la réalité qui s'impose en Allemagne, les USA et les autres pays européens se montrant timorés, trop prudents, ne voulant pas heurter diplomatiquement Hitler, en observation de son action, jusqu'à ce qu'il soit trop tard pour réagir !

La fille de l'ambassadeur, Martha, est une jolie fille de vingt-quatre ans, pleine de vie, aimant les plaisirs, sensuels aussi, et profite de sa jeunesse et de sa beauté pour se faire des amis, pour fréquenter les cafés et restaurants branchés. La société se mélangeait dans les soirées, les clubs, civils et officiers nazis se fréquentaient, Martha n'était pas insensible au charme des beaux blonds bien bâtis et s'offrit plusieurs amants nazis avant de devenir la maîtresse d'un officier russe dont elle tomba amoureuse sans pour autant perdre de son cynisme et de sa liberté !

KGB et nazis surveillaient Martha, espérant s'en servir comme espionne à leurs profits mais il semble qu'elle n'eut jamais un rôle déterminant.

Par ailleurs, après avoir été séduite par le système nazi qui lui semblait la solution à une Allemagne nouvelle et dynamique, elle fut révulsée par le comportement des SA et des SS.

Voilà donc un récit mené tambour battant, si je puis m'exprimer ainsi !, une peinture paradoxale de la vie à Berlin, où l'horreur s'installait peu à peu tout en permettant de continuer à vivre normalement car elle ne touchait pas toute la population, car elle était encore diffuse et pas encore véritablement perceptible jusqu' à l'effroyable "nuit des longs couteaux " (30 juin 1934), purge opérée par Hitler même au sein de son propre mouvement, suivie par le décès du président Hindenburg le 2 août 1934 et qui permit à Hitler de cumuler les fonctions de chef de l'État, du gouvernement, du parti nazi et de commandant suprême des forces armées.

" A une époque où presque chaque allemand a peur de prononcer une parole sauf à ses plus proches amis, les chevaux et les chiens semblent si heureux qu'on a l'impression qu'ils ont envie de parler, écrit-il (l'ambassadeur). Une femme capable de dénoncer le manque de "loyauté" d' un voisin, mettant ainsi la vie de celui-ci en danger, jusqu'à peut-être causer sa mort, emmène son bon gros toutou se promener au Tiergarten. Elle chuchote et le dorlote, assise sur un banc, pendant qu'il satisfait aux besoins de la nature.

En Allemagne, comme Dodd l'avait remarqué, personne ne maltraitait un chien et, par conséquent, les chiens ne craignaient jamais le voisinage des hommes; ils étaient toujours grassouillets et manifestement bien entretenus : "seuls les chevaux semblent jouir d'un bonheur comparable, jamais les enfants ni les jeunes".........Il savait que cela tenait en partie à la loi, qui interdisaient la cruauté envers les animaux et punissaient les contrevenants d'une peine de prison. Dodd trouvait cela profondément bizarre. " A une époque où des centaines d'hommes sont mis à mort sans procès et sans la moindre preuve de leur culpabilité, et quand la population tremble de peur, les animaux possèdent des droits garantis, des droits que des hommes et des femmes ne peuvent espérer pour eux-mêmes."

L'ambassadeur Dodd en famille.

larson 02

 

Publicité
Commentaires
Entre Deux Eaux
Publicité
Archives
Entre Deux Eaux
Visiteurs
Depuis la création 69 988
Publicité