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Entre Deux Eaux
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12 juillet 2013

" Seule venise " de Claudie Gallay

gallay

claudie 1

 

 

Roman intime et délicat sur l'errance d'une femme quittée par l'homme qu'elle aime et qui choisit, le hasard, la mélancolie d'une Venise en morne saison pour y apprivoiser sa solitude.

Venise ensommeillée, sous la brume et la neige, morne et silencieuse, menacée par l'acqua alta, atmosphère ouateuse, une vie entre parenthèses pour notre héroïne, une vie au ralenti, trois rencontres déterminantes qui lui permettront, peut-être, de cicatriser ses blessures, de reprendre goût à la vie, de se libérer de sa lassitude.

Contruit en courts chapitres, les mots sont mesurés et bien choisis, c'est une petite musique lancinante qui vient toucher le coeur, c'est la vie dans ce qu'elle a de quotidien et d'unique, les petits riens si importants pour chacun, ce sont les blessures qu'ils nous faut porter, les couleurs, les odeurs qui nous forment, les sensations que l'on ressent ou que l'on retrouve, la ronde rieuse ou perverse à laquelle personne n'échappe. La vie, tout simplement, que l'on domine parfois mais qui nous échappe souvent.

Et puis, il y a cette scène finale, superbe, comme sortie d'un film d'Antonioni : " la gare Santa Lucia. On entre. Le hall, désert. On remonte les quais et après les quais, les rails. C'est interdit de venir traîner là....Vous me montrez, devant, la nuit, les rails qui se perdent et la lagune tout autour. Vous êtes là. Je tends la main Je voudrais vous toucher. Je n'y arrive pas. Ca ne servirait plus à rien. On marche encore. Après les barrières. Maintenant, sur le sol, c'est du gravier. On continue. Ca n'en finit pas.....C'est là. Parce qu'il y a l'eau. Le quai. Que le quai s'avance sur l'eau et que c'est déjà une façon pour nous de nous quitter. A partir de là, il n'y a plus de gestes possibles, plus de paroles. Ma main retombe. Je ne vous regarde pas - Allez-vous en. - Je ne sais pas si vous m'entendez. Sans doute vous ne comprenez pas. Sans doute aussi je vous aime à ce moment-là. Je n'entends rien de votre adieu. Rien. Pas un mot. Vous partez. Vous partez vite. Je n'entends pas mais à un moment, je sais, vous n'êtes plus là. C'est une évidence. Plus dans l'onde autour. Vous êtes parti. Une brise légère se met à souffler, ramène les odeurs de vase qui stagnent sur la lagune......"

L'héroïne est française. Si elle eut été italienne, c'est la silhouette de Monica Vitti que je vois, perdue entre terre et mer, dans cet endroit désolé, isolé, désert, dans ce no man's land où l'on ressent, avec une perception aiguë, notre place dans le plein - ou le vide - de la vie ! Peut-on disparaître dans ces cas-là !?

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