" Au nom du fils " BEtv

Réalisateur : Vincent Lannoo.

Acteurs : Astrid Whettnall, Philippe Nahon, Achille Ridolfi, Zacharie Chasseriaud, Lionel Bourguet, Jacky Nercessian, Dominique Baeyens.

2012

Prix du Public au Festival de l'Absurde à Nantes 2013.

Meilleur espoir masculin aux Magritte 2014 à Bruxelles : Achille Ridolfi.

Appréciation personnelle : ***

Frontal et (agréablement !) dérangeant, je ne m'attendais pas à une réalisation aussi décalée. J'ai été surpris, quelque peu déstabilisé au début par les ruptures de ton qui brisent volontairement l'unité du récit mais cette offensive contre l'attitude de l'église et son silence quant à la pédophilie dont elle est souvent accusée se révèle jouissif. Un peu de Tarantino, un peu de Calamity Jane, on sort du récit classique et le réalisateur nous entraîne vers une folie vengeresse et violente qui va heurter certains spectateurs et ravir les autres !

Une mère de famille chrétienne et apportant son soutien dans une radio catho à des auditeurs en demande de conseils, voit sa foi ébranler lors du suicide de son fils et d'apprendre qu'il entretenait une relation avec un prêtre. Ce qu'elle ignore aussi, c'est que son mari et ce même fils, qu'elle voyait partir régulièrement à la chasse, "sport noble" chez les bourgeois de province, rejoignaient en fait un groupe de scouts guerriers qui apprenaient les armes et la guerre sous la férule d'un prêtre extrémiste afin de lutter contre l'islam envahissant. Au cours d'une de ces sorties, l'époux meurt accidentellement.

Désireuse de punir le prêtre pédophile, elle se heurte au refus du supérieur pour lequel ces sortes d'affaires sont classées pour ne pas faire éclater le scandale ! Aveuglée par la fureur, malgré elle, elle le tue avec une violence dont elle ne se croyait sans doute pas capable (scène culte - quand on va chercher au fond de soi une force qu'on ne pensait pas y trouver, qu'elle soit bonne ou mauvaise !), s'empare du dossier "secret" qui révèle les noms des prêtres fautifs et considère de son devoir de les éliminer les uns après les autres !

C'est sûr que le film bouscule, qu'il ébranle, qu'il est irrévérencieux mais face à une église muette, cette folle vengeance pourrait presque se justifier !! Il est des colères difficilement maîtrisables et des injustices à corriger ! Oui, dans le film, le réalisateur fait très fort mais ce genre de film, moi, j'aime !! Et puis, la Belgique nous a déjà montré par son cinéma et ses acteurs qu'il y avait en elle un esprit, un ton, un humour (noir !) particuliers très séduisants sans parler du surréalisme qui est l'une de ses signatures !

Porté par une formidable Astrid Whettnall (également scénariste) dans le rôle de la mère, forte, dense, énergique, déterminée, après nous avoir offert le visage de la sagesse et de la soumission à sa foi, belle actrice, racée !