" L'homme qu'on aimait trop " UGC Toison d'Or.

Réalisateur : André Téchiné.

Acteurs : Catherine Deneuve, Guillaume Canet, Adèle Haenel, Jean Corso, Judith Chemla.

2014

Appréciation personnelle : **

Un fait divers dont la presse et les medias se sont emparées à chaque fois qu'il a connu un rebondissement, encore tout récemment alors que le film était terminé depuis longtemps mais le cinéaste, dans son post générique, à raffraîchi les mémoires en y incluant les dernières informations.

Agnès Le Roux, fille de Renée Le Roux, propriétaire du casino "Le Palais de la Méditerranée" à Nice, rentre d'Afrique après un divorce douloureux. Désireuse de trouver une indépendance complète, elle réclame sa part de l'héritage familial mais sa mère la sentant fragile et dépressive, refuse de lui acheter l'action qu'elle détient. Les deux femmes ont un rapport difficile, Renée la mère, bourgeoise froide qui a du mal à montrer ses sentiments et Agnès, rebelle et insoumise.

Agnès tombe amoureuse de l'homme de confiance de sa mère, Maurice Agnelet, avocat raté, (qui fut l'avocat de son divorce), manipulateur et séducteur de femmes.

Puisqu'il n'obtient pas de la mère le poste qu'il convoite, la direction du casino, il séduit la fille, la met en contact avec un directeur de casino concurrent, proche de la mafia, qui lui propose une somme considérable pour qu'elle vote contre le maintient de sa mère à la direction du casino et Renée en perd le contrôle.

Maurice Agnelet, profitant de la faiblesse d' Agnès, ou alors celle-ci est-elle en pleine période d'autodestruction, parvient à mettre la main sur tous ses avoirs financiers.

En novembre 1977, après une tentative de suicide, Agnès disparaît, son corps ne sera jamais retrouvé et aucune preuve ne permet d'inculper Maurice Agnelet.

Depuis trente ans, Renée Le Roux, convaincue de la culpabilité d'Agnelet, se bat pour le faire inculper.

Au cours de ces décennies, trois procès se sont succédés (mais il est toujours parvenu à garder sa liberté) dont un tout récemment à la suite de l' affirmation par son fils Guillaume convaincu qu'il est le meurtrier après qu'il ait reçu des confessions de son père et de sa mère. Agnès aurait été tuée par une arme à feu et son corps dissimulé en Italie. Annie Litas, première femme de Maurice Agnelet, désavoue formellement son fils. Le 11 avril 2014, Maurice Agnelet est condamné à 20 ans de réclusion criminelle. Le 12 avril 2014, il se pourvoit en cassation. Il restera cependant en prison tant que la cour de cassation n'aura pas éventuellement décidé d'un quatrième procès.

Alors : Disparition volontaire suivie d'un suicide ? Assassinat par la "mafia des casinos" (la mort suivie de la disparition matérielle d'Agnès Le Roux pouvait servir à la mafia locale d'imposer ses vues sur certaines actions stratégiques), ou morte par la volonté de Maurice Agnelet !?

L'affaire conserve tout son mystère et est digne du plus beau des feuilletons criminels d'autant plus qu'Agnelet fut un bel homme pouvant insipirer confiance et n'avait pas la tête d'un truand !

Téchiné est un cinéaste majeur du cinéma français que j'ai suivi tout au long de sa carrière et il a alterné le meilleur comme le moins bon.

Ce film ci est en mode mineur ! Réalisation d' un classique désuet, manque de souffle et d'intensité, manque de passion, de trouble, trop lisse, n'inspire pas de réelle inquiétude et souffre de longueurs qui distillent quelque ennui ! Chabrol, dans cette peinture du monde (glauque !) des affaires et de l'argent, dans ce portrait de grande bourgeoise qui voit son monde vaciller, y aurait mis la noirceur nécessaire pour permettre au spectateur de se sentir en danger !

Côté interprétation, Deneuve et Canet ne m'ont jamais inspiré mais je reconnais que tous deux sont excellents dans leur rôle ! Quant à Adèle Haenel, césarisée cette année pour le meilleur second rôle dans "Suzanne" (2013) de Katell Quillévéré, cérémonie au cours de laquelle elle fit un coming out discret mais sans détours !, elle possède ce regard fragile et douloureux qui convient au rôle ainsi que cette rudesse d'être pour cacher justement sa fragilité, comme pour se protéger, mais avec la sensation qu'elle en faisait un peu de trop !