" Mommy " Vendôme.

Réalisateur : Xavier Dolan.

Acteurs : Antoine-Olivier Pilon, Anne Dorval, Suzanne Clément, Patrick Huard, Michèle Lituac, Alexandre Goyette.

Prix du Jury au Festival de Cannes 2014.

Présidente du Jury : Jane Campion.

2014

Appréciation personnelle : ****

 Diane (Anne Dorval), quadragénaire extravertie et quelque peu immature, veuve, se voit obligé de s'occuper de son fils Steve (Antoine-Olivier Pilon) lorsque celui-ci est rejeté du centre où il se trouve après avoir provoqué un début d'incendie. Steve est affecté du TDAH (trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité). Cela se manifeste par  un comportement rebelle, imprévisible, violent, " entrées impétueuses dans les chambres, demandes incessantes, rivalité perpétuelle entre les membres de la famille, problèmes scolaires, manque d'organisation, manque de suivi, oublis, égoïsme et pour les adolescents hyperactifs, bruit constant… " (source : tdah.be)," plus souvent d'humeur négative (colère, anxiété, stress ou tristesse) et moins souvent d'humeur positive (joie, vivacité et bien-être). (source : SickKids).

Le face à face se révélera douloureux, chaotique, violent, montagnes russes vertigineuses !, où l'amour est présent mais si difficile à s'exprimer, où le besoin de tendresse de Steve est si profondément enfoui qu'il ne sait pas où aller le chercher, victime du tourbillon de son être !

Avec l'aide de Kyla (Suzanne Clément), la voisine d'en face dont le comportement révèle bien des blessures inexprimées, le trio va se composer un univers à lui dans lequel chacun trouvera un semblant d'équilibre et de sécurité, même si le cinéaste nous propose une fin que le spectateur peut trouver décevante, comme un retour au point départ ! Mais c'est son droit !

Disons-le tout de suite, je suis un fan de Xavier Dolan, j'aime ses films, son intelligence, sa sensibilité, sa maturité, son originalité, sa singularité et c'est plutôt rare dans le cinéma francophone, bien des cinéastes français oeuvrent dans les "chemins battus", seuls un François Ozon ou un Albert Dupontel ou un Guillaume Gallienne nous proposent des films différents ! En aurai-je oubliés !?

Xavier Dolan opte pour le format quadrilatère, et c'est audacieux car pas très public, mais qui permet, oblige !, le spectateur de se concentrer sur l'essentiel, le visage et son expression, l'écran ne s'ouvrant, ne s'élargissant, qu' à de rares fois lorsqu'une séquence s'illumine d'un peu de joie et d'espoir.

Si l'on peut reprocher à Dolan d'en avoir fait un film un peu criard (la mère trop hystérique par moments !), si on peut lui reprocher aussi d'en avoir fait un film un peu trop long, quelques scènes inutiles ou quelque peu répétitives, comme s'il avait du mal à quitter ses acteurs et son histoire, il n'empêche qu'une fois de plus il fait preuve d'une grande maîtrise dans sa réalisation, d'une étonnante maturité pour son âge et, comme dit "Metro", c'est conté comme "un mélo pop et flamboyant" d'une énergie folle qui décoiffe et vous bouscule et quand vous l'êtes par un tel talent, vous en redemandez parce que ça fait du bien !

Les films de Xavier Dolan ne sont pas de longs fleuves tranquilles, la vie et les rapports humains, il les déchirent, il les blesse, en actes d'amour et de douleur, en corps qui se heurtent et se déchirent et se brutalisent, en voix qui crient détresses et blessures, en espoirs évanouis ou en devenir !

Interprétation excellente des trois acteurs principaux.

Je ne suis pas d'accord avec le principe du Festival de Cannes. Un prix par film (alors que les Oscars et les Césars permettent plusieurs prix). Ce film ayant obtenu, et c'est tant mieux !, le prix du Jury, le prix d'interprétation échappe donc à l'un ou l'autre de ses acteurs !