" Vivre vite " de Philippe Besson.

Un roman par an, aussi fidèle que Amélie Nothomb mais l'écrivaine fin d'août et Besson début d'année.

Deux rendez-vous que je ne rate pas et deux auteurs que je suis dans leur production.

Parce que j'aime l'écriture de Besson, cette légèreté et fluidité de parler des choses, des sentiments, cette petite musique, comme j'ai déjà dit, qui parle au coeur, une proximité qui vous laisse des images, des odeurs, des couleurs, des lumières, qui parle à votre imagination !

James Dean, dont la disparition trop rapide, trop jeune, fit des ravages. J'avais neuf ans, je me souviens, l'Amérique s'inquiétait des nombreux suicides - et tentatives -  parmi les jeunes filles que sa mort tragique occasionna.

Parti en pleine jeunesse, inachevé, inaccessible, rebelle, d'une beauté singulière et ambiguë, s'offrant et se repliant, opportuniste et manipulateur parfois, innocent par d'autres fois, cabotin, solitaire, le tout et son contraire, imprévisible, charmant et touchant, maladroit mais habile séducteur, difficile d'imaginer que de sa vie il eut fait s'il avait vécu !

Il semble qu'il y ait des êtres destinés à partir vite, très vite, trop de sensibilité en eux, trop de désordre dont ils ne peuvent faire le tri et d'une fragilité qu'il cachait sous une fausse arrogance.

Peut être parce qu'il nous échappait, chacun croit pouvoir se l'approprier et avoir son explication du personnage, peut être aussi parce que de l'image que l'on s'est faite de lui, chacun croit qu'il détient une vérité qui détermine les autres.

Livre choral où l'auteur fait parler les proches de l'acteur, sa mère, sa tante, son père, son oncle, son cousin, son professeur d'art dramatique, son entraîneur de basket ball, un ami apprenti comédien, son premier agent, un agent publicitaire et amant, une comédienne et une danseuse, un scénariste, le dramaturge Tennessee Williams, Leonard Rosenman compositeur, Paul Anderson comédien, Elia Kazan cinéaste, Pier Angeli  actrice son seul amour féminin, Marlon Brando, le photographe Dennis Stock, Nicholas Ray réalisateur, Natalie Wood et Sal Mineo acteurs , George Stevens cinéaste, Elizabeth Taylor et Rock Hudson, Donald Turnupssed l'homme qui tua involontairement James Dean.

L'auteur donne aussi la parole à Dean.

Recherche dans les archives certainement  pour comprendre James Dean à travers ses proches et, par leur intermédiaire et ce que l'on suppose d'eux, faire vivre un Dean en le fantasmant, en le rêvant, en le modelant sans trahir la vérité de l'acteur !

" La première fois que je l'ai vu, je l'ai trouvé d'une beauté étrange. Désinvolte, si vous préférez. Cela dit, j'aurais pu passer à côté de lui sans le repérer car enfin, il n'était pas très grand, pas très athlétique, pas très sympathique de prime abord, et puis c'était un horrible binoclard. On apprend cela, avec les années : il y a des gens qui, même avec tous les défauts du monde, ont un charme fou. C'était son cas. "(Elizabeth McPherson, professeur au lycée de Fairmount). "

" C'est assez simple, en somme : à l'instant exact où je l'ai repéré, j'ai eu envie de coucher avec lui. Il dégageait quelque chose de profondément sexuel. C'était dans son allure, dans le balancement de ses hanches, comme une provocation innocente. Mais il n'était pas innocent. Pas du tout. C'était dans son regard aussi. Un regard de myope, qui lui donnait un air lointain dès qu'il ne portait pas ses lunettes. Qui nous tenait à distance, tout en se plantant sur nous. C'était dans son sourire, évidemment. Il avait cette mine un peu triste, un peu mâchée, et tout à coup, sans prévenir, il se mettait à sourire et ça s'éclairait, c'était phénoménal. D'emblée, j'ai tout aimé chez lui, ses cheveux en broussaille, ses épaules rentrées, la cigarette qui tombait au coin de sa bouche, ses mains enfoncées dans les poches de son jean, sa dégaine. (Rogers Brackett, publicitaire).