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Entre Deux Eaux
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9 juillet 2015

" Les hauteurs de la ville " de Emmanuel Roblès.

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Memoria09-044

Prix Femina 1948.

Les hasards des lectures me ramènent à Alger après le Yasmina Khadra "Qu'attendent les singes" mais à une époque antérieure, la fin des années 40.

L'après-guerre, un brasier s'éteint en Europe et un autre va s'allumer, d'une importance moindre mais dramatique aussi, prémisces du mécontentement du peuple algérien, de sa jeunesse qui se sent humiliée par le colonialisme, qui ne se voit aucun avenir, qui se sent frustrée et qui a de plus en plus de mal à accepter la domination française.

L'histoire se déroule alors que la guerre n'est pas encore terminée et oppose deux hommes : Smaïl, le jeune algérien et Almaro, le français que l'on peut considérer comme un "négrier" qui recrute de la main-d'oeuvre indigène pur l'organisation Todt, groupe de génie civil et militaire de l'Allemagne nationale-socialiste, portant le nom de son fondateur, Fritz Todt, ingénieur et figure nazie importante. Organisation qui fut chargée de la réalisation de projets de construction dans les domaines civil et militaire et qui employa un nombre considérable de travailleurs étrangers via le travail forcé.

Humilié et battu par les hommes de main d'Almaro alors qu'il est surpris en train de déchirer les affiches de propagande, Smaïl ne songe plus qu'à une chose, celle de se venger de cet homme arrogant, cruel, despote, qui profite de la misère et de la fragilité de la population qu'il sait à sa merci, pour s'enrichir !

Premier livre que je lis de cet auteur, récit dense dans lequel je suis entré immédiatement, empathie avec le personnage, la tension dramatique ne se relâche jamais, la vengeance se précise de plus en plus, se fait urgente, et le lecteur est pris au piège de ce récit passionnant, étouffant, profondément humain dans cette société franco-algérienne où les rapports se vivaient dans le paroxysme.

" Je me levai, m'avançai, nu, vers la fenêtre et regardai les hauts d'Alger, les collines où dans la verdure on bâtissait les belles villas de maître. Du ciel, déjà chauffé à blanc, tombait une lente poussière de craie sur les terrasses, les dômes de la Grande Poste, les frondaisons du Jardin d'Essai, étalé tout près de la mer sans rides. "J'approuverais l'homme qui tuerait Almaro". Cette phrase, je l'avais prononcée devant un autre, vraiment prononcée. Je fis ma toilette et m'habillai en hâte. Avant de partir, je me tournai vers le lit. Une nappe de soleil qui entrait par la fenêtre donnait au drap une blancheur éblouissante à l'endroit même qu'avait marqué le corps de Monique."

 

 

 

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