Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Entre Deux Eaux
Derniers commentaires
2 septembre 2015

" La guerre d'Algérie " de Jules Roy.

jules-roy--la-guerre-d-algerie

ROY-Jules-par-Louis-Monnier_400px

 

 

 

 

 

 

C'est l'un des textes les plus intéressants concernant la guerre en Algérie que j'ai pu lire à tel point que j'ai eu le besoin d'en reprendre la lecture aussitôt pour mieux m'en imprégner !

Une écriture fluide, une immersion totale, complète, dans ces années qui précèdérent l'indépendance du pays, un regard direct, franc, honnête, sans prendre de position mais réaliste et n'épargnant aucune violence que ce fut celle menée par le FLN ou par l'armée française et le DOP (dispositif opérationnel de protection) qui était un centre de torture.

Dans ce pays magnifique, misère des algériens dont beaucoup se trouvèrent piégés entre la France et les rebelles, angoisse des pieds noirs de condition modeste qui avaient tout à craindre pour leur travail, leur quotidien et leur avenir par rapport aux colons riches qui n'avaient pas la même approche du pays et des gens et par rapport à la France détentrice d'un pouvoir qui les étouffait et qui allait les anéantir et leur enlever tout espoir de continuer à vivre dans le pays qui était le leur et qu'ils pouvaient partager avec les algériens.

Il suffisait d'un rien, de mains tendues, de part et d'autre, de repenser le conflit et les oppositions pour qu'un apaisement s'ensuive, de beaucoup d'humilité, de revoir son orgueil à la baisse, sa fierté, pour que la France ne soit plus considérée comme une ennemie mais comme une partenaire avec laquelle reconstruire le pays dans une nouvelle harmonie dans le respect de chacun !

Car tout était encore possible mais au lieu de l'amour c'est la haine qui a prévalu et le livre analyse très bien tout le processus qui a amené à cet immense désastre humain encore si sensible aujourd"hui entre les deux pays !

" Les colons de l'Algérois assurent que la guerre n'existe pas. " Pour qu'il y ait une guerre, disent-ils, il faut être deux. Il y a l'armée d'une part ; de l'autre, une poussière insaisissable. On ne fait pas la guerre avec la poussière. Cela s'appelle autrement ". Dans les villes, on ne souffre pas de la guerre, mais du terrorisme et de la répression qu'il provoque. Le F.L.N. tue indistinctement les Musulmans qui ont trahi la cause populaire et se compromettent avec la France, jette des grenades dans les cafés, dépose des bombes dans les lieux publics ou mitraille des voitures sur les routes. Dans la majorité des cas, ce ne sont pas les soldats en armes qui tombent mais des innocents, des femmes ou des enfants de deux communautés. Pour découvrir les réseaux du terrorisme, l'organisation D.O.P. enlève les hommes et torture. Le F.L.N. en fait autant à l'égard de ses coreligionnaires qui ne paient pas l'impôt ou refusent d'observer ses directives. Admettons donc que le terrorisme ne soit pas la guerre. C'est pire. C'est l'abomination considérée comme mode normal de combat. C'est la haine tenant lieu des lois garantissant, en tout dernier lieu, le respect de la vie et de la mort. On comprend qu'on ne puisse donner à ces forces-là ni à celles de la répression aveugle le nom de guerre. On les appelle, d'un nom qui cache une honte, une douleur et un effroi communs "les événements". Quant aux malheurs publics et individuels qu'elles engendrent, comment les connaître si l'on ne pénètre pas dans les bidonvilles ? "

Publicité
Commentaires
Entre Deux Eaux
Publicité
Archives
Entre Deux Eaux
Visiteurs
Depuis la création 69 973
Publicité