" Les merveilleux nuages " de Françoise Sagan.
La légèreté de l'écriture de Sagan, ce quelque chose de clair, de limpide, qui coule de source, une manière de s'exprimer avec nonchalance, avec paresse, avec désinvolture, d'évoquer la solitude, l'amour et le désamour, la rupture, le désenchantement, cynisme et cruauté peuvent s'y ajouter, frivolité et gravité, ces petits traits futiles qui accompagnent une rupture, des détails paraissant insignifiants mais qui accompagnent la lente désagrégation du couple, la difficulté du choix, le besoin de faire mal quand on ne sait plus comment aimer, le doute qui s'installe et qui rend agressif, l'incertitude et le manque de confiance en soi.
La petite musique des mots de Sagan à la mélancolie si douce mais qui cache à peine le désarroi et les bleus à l'âme, décrit si bien la fragilité, la sensibilité, les blessures qui forment l'identité de chacun, qui nous encombrent, nous construisent ou nous déconstruisent !
Plaçant toujours ses personnages en milieu aisé, mondain, (ce qui peut en exaspérer certains !), où la superficialité est un moyen de s'afficher, le snobisme un art de vivre, il n'est pas de milieu, cependant, qui ne soit protégé de la valse des sentiments et des bouleversements qu'elle peut occasionner ! Le coeur a ses blessures....!
" C'est comme si tu menais une vie double, dit-il, une autre vie te suit partout si proche de l'enfance que tu ne peux t'y arracher, une vie où tu es irresponsable et punie à la fois, toujours liée à des gens qui te jugent et auxquels tu donnes le droit de te juger, uniquement parce que tu veux les faire souffir. "
" Il y avait quelque chose d'extraordinaire dans ces paysages du ciel, quelque chose qui réduisait votre vie à un rêve idiot "empli de bruit et de fureur", rêve accompli aux dépens de cette sérénité poétique qui comblait les yeux et aurait dû être la vraie vie. Seule, ête seule sur une plage, étendue, laissant passer le temps, comme elle l'entendait passer en ce moment dans cette pièce déserte, que l'aube hésitait à découvrir. Echapper à la vie, à ce que les autres appelaient la vie, échapper aux sentiments, à ses propres qualités, à ses propres défauts, être seulement une respiration provisoire sur la millionième partie d'un des milliards de galaxies".