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28 mars 2016

" Quelque chose d'écrit " de Emanuele Trevi.

Quelque-chose-d-ecrit-d-Emanuele-Trevi

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" Pétrole " est un gros fragment, ce qui reste d'une oeuvre démente et visionnaire échappant à tous les codes, révélatrice. Pasolini y tavaille du printemps 1972 jusqu'aux jours qui précèdent immédiatement sa mort, la nuit du 1er au 2 novmebre 1975. Pétrole est une bête sauvage. C'est la chronique d'un processus de connaissance et de transformation. C'est une prise de conscience du monde et une expérience sur soi-même,techniquement : une initiation. Pétrole est publié par Einaudi en 1992, dis-sept ans après la mort de P.P.P., dans la collection intitulée "Super-coralli". La couverture est blanche, les caractères utilisés pour le nom de l'auteur et pour le titre sont rouges et noirs : un objet d'une rare beauté. Les responsables de cette édition posthume sont deux femmes : Maria Careri et Graziella Chiarcossi. La longue note en fin de volume est signée du grand philologue Aurelio Roncaglia, ami de longue date de Pasolini. On peut lire Pétrole comme une provocation et évidemment comme un testament. Tout maculé de sang; Il faut ajouter que, en 1992, au moment où Pétrole est arraché au sommeil béat des inédits, on n'écrit plus de tels livres. Ce sont des objets devenus incompréhensibles pour l'immense majorité des gens. "

" C'est un roman , mais il n'est pas écrit comme sont écrits les romans véritables : sa langue est celle qu'on adopte pour les essais, pour certains articles  journalistiques, pour les critiques littéraires (....) ou même pour les poèmes. " Pier Paolo Pasolini, Pétrole (lettre à Alberto Moravia).

Né en 1964, Emanuele Trevi n'a jamais connu Pasolini mais il fut amené, pour améliorer financièrement son quotidien, à y travailler dans les années 90 pour le Fonds Pasolini de Rome lequel était dirigé de main de maître par l'actrice Laura Betti où sa tâche était de regrouper toutes les interviews de Pasolini en un livre qui ne paraîtra jamais. La raison essentielle résultait dans le comportement de Betti, fantasque, déraisonnable, impulsive jusqu'à la folie et surnommée La Folle, injurieuse, il était difficile de travailler longtemps pour et avec elle !

Laura Betti (1927-2004), beauté atypique qui vieillira obèse, chanteuse et actrice, première apparition à l'écran dans "La Dolce Vita" de Fellini, tourna à plusieurs reprises pour Pasolini (obtint le prix de la meilleure actrice à Venise pour 'Théorème" en 1968) dont elle devint sa plus fidèle amie, jalouse du sentiment qu'elle éprouvait pour lui sans en être payée de retour amoureusement mais seulement platoniquement et qui demeura l'homme de sa vie et s'institua dépositaire de sa mémoire ! Malgré son comportement, elle fut l'une des égéries de l'intelligentsia romaine et fit un parcours honorable au cinéma, sa folie n'occultant pas un réel talent et une manière de se mettre en scène de manière très personnelle.

L'intérêt de ce livre exigeant, malgré une écriture fluide et claire, est de m'avoir fait découvrir une Laura Betti dont je gardais un tout autre souvenir ! 

Un livre difficile à classer, une approche de Pasolini originale (pas une biographie !) par l'intermédiaire de son actrice fétiche mais aussi par l'évocation d'un roman sur lequel travaillait Pasolini avant sa mort et qu'il n'eut pas le temps d'achever. Ce roman s'appelle "Pétrole", il fut édité en 1992, revu en 2007 et Pasolini y propose son point de vue sur l'histoire tourmentée de l'Italie ! Récit très complexe, semble-t-il, sur lequel viennent se buter les interprétations diverses des intellectuels ! 

Intellectuellement parfois très pointu, j'ai de temps à autre survolé certains chapitres ! mais en réussissant toujours à reprendre pied car Emanuele Trevi nous entraîne dans une histoire romaine suffisamment captivante pour que l'intérêt ne se dissolve pas ! A relire, sans doute, en chevet !

"Le critique et dramaturge italien Tullio Kezich écrit à son sujet, en 1960, dans le livret du spectacle Giro a Vuoto : « Voilà Laura Betti : frivole, effrontée, intellectuelle, nymphe égérie des écrivains, amante indiscrète d'hommes fabuleux. Quand ses voisins d'en face la voient sortir sur le balcon, avec ses bas noirs, ils appellent la police. Son appartement de la Via del Babuino est son reflet fidèle, avec ses gravures indiennes, les cadres de sa grand-mère, les photos de Moravia et de Luchino, le piano de location, les disques de Phinéas Newborn jr, les affiches de corrida, un mannequin hollandais qui fait du yoga, dans le salon, les valises d'un Grec, qui bloquent l'entrée, un peintre philippin qui dort sur le canapé. Et au milieu de tout ça, Laura parlant au téléphone en italien, français, anglais, bolognais avec, ici et là, une incursion dans le romanesco canaille de son ami Pasolini ». (Wikipédia).

Laura-Betti

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