" Ossessione " (Les amants diaboliques) Flagey

Réalisateur : Luchino Visconti.

Acteurs : Massimo Girotti, Clara Calamaï, Elio Marcuzzo, Juan de Landa, Vittorio Duse, Dhia Cristiani, Michele Riccardini, Michele Sakara.

1943

Adaptation pour le grand écran du roman de James M. Cain "Le Facteur sonne tojours deux fois". 

Appréciation personnelle : ***

Premier film de Visconti, le film n'est pas sans défauts, trop mélo et trop long, mais important puisqu'il annonce le néo-réalisme qui marqua le cinéma italien de la fin des années quarante aux années 50.

Mal perçu par Mussolini et les autorités fascistes par le regard porté par le réalisateur très critique sur le système qui gouvernait alors l'Italie et par l'érotisme contenu dans certaines scènes, l'homosexualité suggérée du héros et la mise en valeur de la beauté de Massimo Girotti comme "symbole de beauté et d'érotisme".

C'est ainsi que les autorités détruisirent la presque totalité des copies du film.

" Les négatifs furent détruit durant la Seconde Guerre mondiale par les nazis. Devant dans le même temps faire face à l'interdiction de diffusion du film par le régime Mussolinien, Luchino Visconti parvint néanmoins à en garder une copie intacte " (Allociné).

Le film ne sortira en France que seize ans plus tard pour une affaire de droits après que les américains décidèrent de le porter à l'écran en 1946 (film de Tay Garnett avec Lana Turner et John Garfield).

Le film a vieilli et se regarde comme une curiosité et son intérêt est dans cette analyse d'une société prolétaire qui se débrouillait pour vivre sous la dictature et de nous présenter un homme, ni vertueux ni travailleur, qui jouissait de sa beauté et de son charme sans représenter les valeurs masculines mussoliniennes ! 

Massimo Girotti (1918-2003) n'était pas un acteur de ma génération mais je le connaissais cependant. Fidèle de Visconti, carrière plus qu' honorable, l'un des plus beaux acteurs italiens et père de Terence Hill qui reçut la beauté de son père en héritage !

Par contre, ce film me permit de connaître Clara Calamaï (1909-1998), célèbre actrice des années 40, appréciée de Visconti qui la fit tourner encore à deux reprises même si sa grande renommée se situe pendant les années de guerre et qu'elle eut son plus beau rôle dans "Ossessione".

Elle atteint le pic de la célébrité en dénudant sa poitrine dans un film en 1942 (La cena delle beffe) et le public allait voir et revoir (les hommes surtout !) le film pour cette seule scène. Bardot n'avait alors que huit ans !!

Connue aussi pour la très grande rivalité (et jalousie !) qui l'opposait à l'une des très belles actrices italiennes de l'époque, Doris Duranti (1917-1995).

Elle sembla ne pas souffir du fait d'avoir la liberté de tourner sous la dictature, situation ambiguë qui ne fit pas de vagues lorsque la dictature tomba !

Si Massimo Girotti joue avec beaucoup de naturel, on peut reprocher à Clara Calamaï de surjouer !