" Palimpseste " de Gore Vidal

Palimpseste :

1. Au sens littéraire, parchemin dont on a effacé un premier texte pour le réutiliser. 
2. Mécanisme psychologique qui permet de substituer des faits nouvellement mémorisés à ceux qui leur préexistaient dans la mémoire. 
3. Amnésies brusques, véritables "trous de mémoire", observées surtout au début de l'alcoolisation chronique (E.-M. Jellinek). (Psychologies)

Gore Vidal, né en 1925 et décédé en 2012, essayiste, romancier, scénariste américain, fait partie de l'histoire de l'Amérique tant son parcours lui a permis de côtoyer aussi bien des personnalités du monde politique que celui de la littérature et du cinéma.

C'est un long récit de plus de 600 pages, d'une écriture fluide certes mais dont l'intérêt ne se maintient pas toujours à la hauteur. Touffu, personnages nombreux et qui ne me parlent pas, je m'y suis quelque peu perdu retrouvant de l'intérêt pour l'evocation des années soixante et des "people" que j'ai pu suivre dans mon adolescence parce que l'image en était bien vivante et précise, notamment la famille Kennedy et Jackie et Jack.

" Dore m'embaucha. Il me donna un bureau dans le Thalberg Building, au premier étage, à côté de la suite occupée par mon producteur, Sam Zimbalist. Sam était venu pour la première fois à Hollywood dans les bagages d'Alla Nazimova, une actrice sombre et au pouvoir presque intolérable qui régnait sur le monde lesbien d'Hollywood, qui englobait, d'après mes sources fiables, la quasi-totalité  des stars féminines ou des épouses de stars. Dans le livre de photos de Jean Howard, consacré au Hollywood des années 1930 et 1940, tout est limpide pour ceux qui veulent bien voir. Les hommes portent de grandes cravates Ascot, des blazers, ils ressemblent un peu aux mannequins dans les vitrines; tandis que ces dames, vigoureuses et alertes, s'agglutinent autour de Dietrich ou de Garbo en pantalon, sur des pelouses immaculées. Dans le film "La Reine Christine", une jeune femme s'incline devant Garbo, laquelle lui adresse un petit sourire narquois, de ceux qu'un adolescent intelligent et averti offre à une jeune fille. Pour moi, ce sourire résumait tout."

Palimpseste .... parce que la mémoire n'est pas fidèle, parce que chacun la reconstruit suivant sa propre logique, inconsciemment ou non, la réinvente suivant son intérêt et finit par y croire, fragilité du souvenir, le flou crée l'imprécision, le doute crée le conflit et l'on colore son passé de fausses et/ou vraies lumières ! Entre vérités et confusions, la frontière s'amincit et l'on finit par garder en mémoire un vécu dont la teneur possède ses zones claires et ses zones d'ombres ! Conscient ou non, le passé se revisite et nous le modelons avec le souvenir que nous manipulons !