" Juste la fin du monde " UGC Toison d'Or

Réalisateur : Xavier Dolan.

Acteurs : Nathalie Baye, Gaspard Ulliel, Léa Seydoux, Marion Cotillard, Vincent Cassel.

2016

Festival de Cannes 2016 : Prix du Jury Oecuménique et Grand Prix du Jury.

Président du Jury : George Miller.

"Juste La Fin Du Monde est l'adaptation d'une pièce théâtrale éponyme de Jean-Luc Lagarce. Disparu en 1995 à 38 ans seulement, il est aujourd'hui l'auteur le plus joué. "

"Jean-Luc Lagarce est un comédien, metteur en scène, directeur de troupe et dramaturge français né en 1957 et décédé en 1995 à Paris. "

Appréciation personnelle : ***

Fan de Dolan, je le suis dans l'évolution de sa carrière, tout comme Ozon.

Je suis ouvert à ce qu'ils me proposent, je suis critique aussi, je peux être exaspéré parfois par l'ultra émotivité de Dolan qui se manifeste par une certaine hystérie dans ses films et ses portraits de famille et de rapport à la mère qui sont douloureux et compliqués.

Sans doute le plus doué de sa génération, ses films sont des coups de poing et d'une extrême sincérité ce qui fait que l'on peut l'excuser de ne pas toujours maîtriser sa sensibilité tant il est vrai qu'il offre le plus intime et le plus vrai de lui-même à travers ce qu'il filme, le plus personnel, et c'est bien plus intéressant qu'une oeuvre trop formatée dans le désir de plaire.

Ceci dit, je crois que son prochain film quitte le milieu familial et ses problèmes, sans doute a-t-il mûri et décidé avec raison de s'en évader.

Ce portrait de famille est donc douloureux, agité, brutal. Louis revient vers sa famille après douze ans d'absence. Ecrivain, il a réussi sa vie professionnelle mais il a une nouvelle à annoncer, sa fin prochaine, sa maladie !

Trouver le moment pour parler, pour dire, mais retrouver les siens après tant d'années quand les liens ont été rompus est très difficile. Il faut retrouver une place au sein d'une famille que vous avez perdue ! La mère, heureuse de le revoir, mais destabilisée s'agitant pour trouver le bon rythme, le frère aîné fermé et violent, plein d'amertume d'une vie qui ne le satisfait pas et jaloux de la réussite du cadet, son épouse douce et maladroite dans son expression pour apprendre à connaître ce beau-frère et la soeur cadette, rebelle de nature, qui n'a pour ainsi dire jamais connu ce grand frère parti quand elle était toute petite.

Alors, ces quelques heures passées ensemble, ce repas de famille, entretiennent des sentiments qui ne parviennent pas à s'exprimer, une tension palpable, famille je vous hais, famille je vous aime et rien de ce qui devait être dit ne parvient à s'exprimer. Turbulences, mer démontée, ciels sombres et agressifs, alors Lucien sen va !

Huit-clos oppressant, face-à-face douloureux, agressifs, parfois silencieux, regards qui se jaugent, ou regards qui se comprennent, pleins de douceurs parfois.

Ces plans carrés, au plus près, Dolan les réussit à merveille !

Le casting, j'ai mis de côté le fait que je n'apprécie guère Léa Seydoux et encore moins Vincent Cassel lesquels j'avoue sont très bien dans leurs rôles mais sans se renouveler vraiment, Marion Cotillard, naturelle dans sa maladresse au début pour surjouer quelque peu par après me semble-t-il, Nathalie Baye - lourdement maquillée, était-ce nécessaire !, je ne pense pas que le rôle l'exigeait ! - comme toujours parfaite et Gaspard Ulliel dont je ne suis pas particulièrement fan mais qui s'impose, un regard, une présence, une voix (le prégénérique est très beau et crée l'ambiance).

Du cinéma qui secoue, du sentiment intime, vrai film d'auteur et moi c'est ça aussi mon cinéma, par ce qu'il fait vibrer en moi !