" Nouvelles romaines " d'Alberto Moravia

Pas très fan des textes courts, mais appréciant beaucoup Moravia, je ne pouvais qu'être tenté de lire ces nouvelles trouvées dans la boîte aux livres !

J'aime le style de cet auteur, fluide, clair, fécond, observateur, créant des images nettes qui s'impriment en vous et cela ne m'étonne pas que certains de ses livres aient été adaptés au cinéma.

Ces nouvelles, peut-être d'inégales valeurs dans l'intérêt que j'y ai trouvé, nous promènent dans la Rome des années 50, nous dévoilant la ville dans son quotidien populaire plus que flamboyant, comme un film des années 50 en noir et blanc, les petites gens, les magouilles, les petites histoires qui créent des vies, les débrouilles, on songe au "Voleur de bicyclette" de Vittorio de Sica (1948).  Des vies qui, dans leur diversité, font la ville, son histoire, son identité.

" Le professeur était un vieux monsieur à barbiche et moustaches blanches, qui professait au lycée. Mais il s'occupait surtout de ruines. Tous les dimanches et même les jours ordinaires, il allait tantôt ici, tantôt là, sur la voie Appienne, au Forum ou aux Thermes de Caracalla et faisait des conférences-promenades sur les ruines de Rome. Chez lui il avait une véritable bibliothèque de livres sur les antiquités et d'autres ouvrages aussi. Dans l'entrée, il y en avait déjà une quantité cachés par des tentures vertes, mais tout l'appartement, corridor, chambres, débarras, était tapissé de livres; seules la cuisine et la salle de bains n'en contenaient pas. Il tenait à ses livres plus qu'à la prunelle de ses yeux (malheur à quiconque y toucherait) et il paraissait presque impossible qu'il les ait tous lus. Et portant il n'en était pas rassasié, car, lorsqu'il ne donnait pas de cours ou de leçons particulières à la maison, ou qu'il ne discourait pas sur les ruines, il allait rôder devant les étalages de livres d'occasion, fouillait dans les petites charrettes des bouquinistes et tevenait toujours avec un paquet de livres sous le bras. Il en faisait collection en somme, comme les enfants font collection de timbres. "