" Les Eblouis " UGC Toison d'Or
Réalisatrice : Sarah Suco
Acteurs : Camille Cottin, Céleste Brunnquell, Eric Caracava, Jean-Pierre Darroussin, Laurence Roy, Daniel Martin, Spencer Bogaert, Benjamin Gauthier, Suzanne de Baecque, Armand Rayaume, Jules Dhios Francisco
Prix « Cinéma 2019 » de la Fondation Barrière
Prix « Célestine 2019 » du festival du film français d'Helvétie
Prix du meilleur film lors de la 17e édition du festival Alice nella città (it) de Rome
Salamandre d'Or et prix d'interprétation féminine pour Céleste Brunnquell au 28e festival du film de Sarlat13
2019
Appréciation personnelle : ***
" Il s'agit de la première réalisation de Sarah Suco, que l'on a pu voir en tant qu'actrice dans Discount et Les Invisibles notamment. La cinéaste s'est inspirée de sa propre vie puisqu'elle et sa famille ont vécu dans une communauté charismatique pendant dix ans. " (Allociné)
On sait le pouvoir malsain que les sectes peuvent exercer sur des êtres faibles, en désarroi, en recherche d'une vérité ou d'une compréhension d'eux-mêmes, perdus parfois dans leur isolement et avides de réponses, d'un équilibre et d'un bien-être qu'ils peuvent obtenir auprès de tierces personnes ou de mouvements religieux ou philosophiques non exempts de motivations obscures.
C'est l'histoire de Camille toute jeune ado, aînée de deux frères et d'une soeur, issue d'un milieu bourgeois dont on perçoit que la mère transporte des blessures. Leur maison est voisine de celle occupée par une secte et le prêtre qui gère cette communauté voit en elle ne personne en désarroi qu'il peut manipuler et lui propose un bénévolat en tant que comptable. Christine accepte entraînant avec elle son mari Frédéric, un être un peu faible et plutôt suiveur. La main mise est faite sur le couple et le processus de manipulation, d'intégration et d'emprisonnement moral se met en mouvement !
Camille est partagée entre son incompréhension face à la tournure de sa nouvelle vie qui la sépare, l'éloigne, de ce qu'elle a connu jusqu'à prèsent, de ses joies, de ses passions, de ses activités, de ses amies, de cet enfermement qu'on lui impose peu à peu mais aussi de l'amour qu'elle porte à ses parents, de son refus à les juger, de sa révolte qu'elle ne parvient pas à faire exploser véritablement jusqu'au jour où elle est témoin d'une agression faite sur son plus jeune frère et qui l'amène à se libérer, à se responsabiliser pour sauver ses frères et soeurs.
Une atmosphère oppressante, un cheminement douloureux filmé de manière classique, sobre et certes attendu mais honnête et sincère dans la démarche et même si l'on a déjà deviné beaucoup des sectes et de leur dérive et de leur danger, l'inquiétude demeure de leur existence et de leur intelligence sournoise et tranquille à s'emparer de la personnalité d'autrui et d'en faire sa brebis.
Surpris je l'ai été par cette manière puérile, enfantine, d'organiser les journées et ses activités comme, lors des réunions, d'accueillir leur père fondateur, appelé le "Berger", par des bêlements !
Le film est redoutablement efficace dans la démonstration de cette appropriation des pensées d'autrui mais aussi par ce que l'on suppose d'ombres malsaines, de noirceurs tues qui accompagnent certaines des "brebis" dont on suppose que psychologiquement elles sont très mal dans leur peau.
Histoire de la folie .... Celle des manipulés comme celle des manipulateurs, quand le sens de la Vie échappe aux uns comme aux autres !
Excellent casting ! La toute jeune Céleste Brunnquell est d'une justesse merveilleuse pour ce rôle de toute jeune ado en plein désarroi, Camille Cottin en contre-emploi élargit sa palette de comédienne, à la fois dure et émouvante dans le rôle de la mère, Eric Caracava en père faible et effacé, aimant certes mais porté par le sentiment envers sa femme, se laisse manipuler sans trop réfléchir et Jean-Pierre Darroussin en "Berger" illuminé, porte en lui le pouvoir sombre et néfaste pour détruire les gens, leur personnalité et soi-disant les libérer pour en faire ses prisonniers !
" La communauté du film est issue des sectes importées des Etats-Unis depuis les années 70, qui appellent à un renouveau spirituel basé sur le Saint-Esprit. Elles regroupent des prêtres, des religieux et des familles laïques. Les journées de chaque membre, également des enfants, sont rythmées par les prières et les rituels de groupe : demande de pardon, chants, farandoles, séances de bénédictions dans l’Esprit saint. Les tenues, les coiffures et les règles de vies sont régentées et très spécifiques et il est petit à petit impossible pour des enfants de continuer à avoir une vie sociale normale." (Allociné)