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20 septembre 2020

" Tu t'appelais Maria Schneider " de Vanessa Schneider

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Journaliste politique ayant travaillé quatorze ans pour Libération, grand reporter puis travaille pour Le Monde, participe à des émissions radiophoniques et télévisées mais elle est également romancière et femme de lettres.

Cousine de Maria Schneider, l'ayant cotoyée régulièrement, elle a voulu rendre hommage à une actrice et à une femme brisée, décédée à 58 ans de maladie.

C'est en quelque sorte une jolie lettre d'amour à laquelle nous convie l'auteure , nous apprenant ce que d'elle nous ignorions, sa mère immature qu'elle quitta vite pour trouver refuge chez son oncle maternel, sa relation avec les parents de l'auteure, ses retrouvailles adolescente avec son père Daniel Gelin qui ne l'a jamais reconnue mais qui l'introduisit dans les fêtes parisiennes et dans le milieu du cinéma, ses amitiés avec Alain Delon et avec Brigitte Bardot qui la prit sous son aile et l'accueillit chez elle avenue Paul Doumer. Bardot qui, une fois réfugiée à La Madrague après son abandon du cinéma, resta en contact téléphonique avec Maria, lui paya un voyage jusque Nice pour aller voir sa mère alors que Maria était fauchée et s'occupa des funérailles de la jeune actrice.

Bardot n'a jamais médiatisé l'aide qu'elle procura à certaines personnes en détresse et en isolement.

Carrière brisée par son plus grand succès lequel n'annonca pas l'aube d'une belle aventure au cinéma mais un début de descente aux enfers même si je préfère me souvenir du superbe film d'Antonioni avec Jack Nicholson : "Profession Reporter " en 1975.

Trop jeune, trop fragile, trop sensible, n'a pas su se construire dans l'adversité, son refuge dans la drogue qu'elle ne savait combattre !

" Ce jour-là à Saint-Roch, dont le clocher ruisselle d'une pluie drue, je me retrouve derrière Alain Delon. Il a insisté pour prononcer le premier hommage, lire la lettre que Brigitte Bardot a écrite pour toi et qu'elle n'a pas eu la force de venir dire elle-même. Sa voix grave s'est mise au service des mots de Bardot, comme s'ils s'étaient accordés pour te dire la même chose, tes deux parrains de cinéma. Il y a beaucoup de monde sous la voûte de pierres froides. Les derniers de notre famille décimée, tes amis, si nombreux, un ancien ministre de la Culture ou peut-être deux, des inconnus venus te dire adieu, les Gélin, tes demi-frères et soeurs qu nous retrouverons plus tard au Père-Lachaise pour ta crémation, des visages que nous ne connaissons que par les magazines. Certains sur lesquels nous peinons à remettre un nom, d'anciennes gloires des années 70, des survivantes comme tu l'as été : Dominique Sanda, Christine Boisson, qui a joué dans Emmanuelle. Ils sont nombreux à se souvenir de toi, beaucoup à t'avoir admirée, davantage sans doute que tu ne l'avais imaginé. Ta mère, elle, n'est pas là. Elle n'a pas pris le vol Nice-Paris. Elle a fait dire qu'elle était trop fatiguée. "

" "J'ai eu une belle vie." Tu as glissé cette phrase comme un doigt fatigué se promène sur une panne de velours avec un sourire doux et le regard envolé vers des souvenirs heureux. C'était quelques jours avant la mort. Tu ne l'as pas dit pour nous faire plaisir, ce n'était pas ton genre, ni pour t'en convaincre toi-même, tu semblais profondément le penser. Ces mots, je ne les ai pas compris tout de suite. Ils ont d'abord résonné comme une fausse note bruyamment imposée dans une partition tenue. J'avais depuis si longtemps pris l'habitude de te plaindre, de m'inquiéter pour toi, de m'assombrir sur tes malheurs qui étaient aussi les nôtres. "J'ai eu une belle vie. " Tu y croyais, pourtant. " J'ai eu une belle vie " Et c'était si bon que tu vois les choses ainsi ".

 

 

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