" Autopsie d'un meurtre "

Réalisateur : Otto Preminger

Acteurs : James Stewart, Lee Remick, Ben Gazzara, Arthur O'Connell, Eve Arden, Kathryn Grant, George C. Scott, Orson Bean

Mostra de Venise - Coupe Volpi meilleure interprétation masculine pour James Stewart

1959

Appréciation personnelle : ****

Les cinéphiles le savent, les cinéastes américains sont passés maîtres dans l'art de filmer les procès et de nous en faire ressentir l'atmosphère au plus près.

Dans ce film-ci le procès occupe les trois-quarts du film et met au second plan l'intrigue policière que le réalisateur a réduit volontairement dans sa forme la plus simple.

Une femme, harcelée et violée par un homme, demande l'aide d'un avocat pour défendre son mari qui la venge en tuant l'homme sans aucun état d'âme.

La femme dit-elle toute la vérité, son comportement quelque peu provocant et l'abus d'alcool au moment des faits n'ont-ils pas incité à ce que l'homme se croit autorisé à la considérer comme une proie à consommer !?

La vérité, nous ne la saurons jamais car là n'est pas le but du film mais dans la représentation du procès, de toute l'énergie et de toute la force qui s'en dégagent, des joutes oratoires opposant les deux avocats, véritable duel entre les deux hommes, c'est du théâtre, les deux hommes deviennent des acteurs, leurs egos sont en puissance, et l'on se dit que l'accusé devient hors champ et que sa vérité à lui est secondaire dans une histoire, par ailleurs, aux contours plutôt flous !

" C'est le pouvoir de manipulation de l'avocat et du procureur sur les jurés, c'est en réalité une véritable partie d'échec. " (Allociné)

Peinture cynique d'une justice où l'accusé et sa vérité n'ont plus guère d'importance, les deux avocats se livrant une bataille narcissique mais brillante afin d'éliminer l'autre !

" Du film, on retient surtout la formidable joute qui oppose James Stewart et George C.Scott. Le premier pour ses traits d'esprit, le second pour sa férocité. Leur duel reste inoubliable " (Allociné)

L'Amérique était alors encore très prude et Preminger a réussi habilement à contourner la censure lorsque le terme "slip" est utilisé !

" Le film d'Otto Preminger est dans un premier temps victime de la censure, notamment parce qu'on n'y fait mention d'un slip perdu par l'épouse du lieutenant Manion (les mots slip et spermatogenèse sont répétés une vingtaine de fois), ce qui choque à l'époque. Chose étonnante, dans le film lorsqu'on y fait allusion, les personnages insistent pour qu'on change de terminologie afin de désigner le slip par un mot moins tendancieux devant le tribunal, ce qui marque une anticipation et une certaine ironie." (Allociné)