" Oslo 31 août " Galeries
Réalisateur : Joachim Trier.
Acteurs : Anders Danielsen Lie, Hans Olav Brenner, Ingrid Olava.
2011
Appréciation personnelle : ***
Le cinéaste s'est inspiré du roman de Pierre Drieu de la Rochelle "Le Feu Follet" édité en 1931.
En 1963 Louis Malle avait adapté le roman pour l'écran avec Maurice Ronet et Jeanne Moreau. Ce fut un beau succès de cinéma d'auteur des années soixante.
Film qui, je m'en souviens, me rendit mal à l'aise par son propos, le suicide annoncé d'un homme, pour l'adolescent sensible que j'étais et qui sentait déjà sa différence, perçu d'une manière particulièrement aigüe.
Le spectateur connaît donc l'issue de l'histoire mais l'intérêt du film est dans le cheminement qui amène Anders au bout de lui-même.
Dans un Oslo très joliment filmé et qui s'intègre au film comme un véritable personnage, nous vivons la dernière journée de Anders.
Anders, début de la trentaine mais à la fragilité adolescente, en convalescence, termine avec succès une cure de désintoxication. Il s'apprête alors à reprendre sa place dans la vie, du moins à essayer. Anders, cependant, est en complet décalage et, au cours de cette journée du 31 août, sa tentative pour se faire embaucher, sa tentative pour retrouver ses amis, son ancienne petite amie, échouent.
La scène du snack est saisissante : Anders voit la vie autour de lui, les conversations, les rires, le mouvement mais il ne se sent plus dans la vie, il est déjà ailleurs, il est déjà trop loin, il est à côté !
Anders a du potentiel mais il ne parvient pas à l'activer, "plein de ressources mais sans foi en l'avenir".
Empathie avec le personnage, cette lente dérive est filmée avec beaucoup de retenue et porté par un acteur qui s'impose par son naturel et sa simplicité.
Autour de lui, c'est aussi l'analyse d'un certain mal de vivre et de la difficulté à trouver un équilibre dans les choix de vivre. Son meilleur ami, Thomas, (Hans Olav Brenner), marié, ayant un travail, aimant sa femme et ses deux enfants, se pose la question de savoir s'il est heureux ou s'il fait comme si !
Appréhender la vie, savoir ce qu'on va en faire, ce qu'on peut en faire, l'éternel problème existentiel !
Beau film sombre et douloureux et désespéré, où la violence faite sur soi s'accommode d'une certaine douceur.