" La diabolique de Caluire " de Pierre Péan

" Cette femme est inquiétante. Elle est trop belle. Grande, mince, toute en jambes, sa démarche est nonchalante et sûrement étudiée. Sa mise est élégante, un peu tapageuse. De ses yeux immenses pleins de langueur, elle fixe les hommes avec une insistance doucement provocante. Un type de femme qu'un metteur en scène rêve de rencontrer pour en faire l'héroïne d'un film d'espionnage. "

" C'est une jeune femme très belle, à la peau mate, aux magnifiques yeux noirs animés intérieurement d'un feu sombre, parfois insoutenable. Vêtue de noir, coiffée d'un chapeau dont la voilette adoucissait encore les trraits de son visage, elle était d'une élégance vraiment remarquable. "

" Universellement connue pour son extravagance et sa beauté fatale, la jeune star avait déjà autant de vies brisées et de ruines à son actif que de perles à son collier. Elle exigeait de tout homme épris d'elle qu'il l'aimât à la folie jusqu'à en predre la raison et la vie. Ses yeux pers chargés de maléfique magnétisme exerçaient une fascination irrésisitible sur celui qui les fixait. Mais, sous son voluptueux visage, Flory cachait une âme ténébreuse de vampire, une âme onduleuse et glaciale de reptile...."

" Telle était Mlle Bastien : ambiguë, toujours floue, prête à détruire pour ne pas perdre. Lion, ascendant sabotage : Lydie Bastien affirmait qu'au plus fort de leurs disputes, René Hardy, à bout d'arguments, avait coutume de lui lancer cette formule-là...."

Née en France en 1923 et morte à Paris en 1994, Lydie Bastien a travaillé pour les allemands lors de la seconde guerre mondiale, et serait à l'origine de l'arrestation de Jean Moulin en 1943. Manipulatrice, séductrice, intrigante sans remords aucuns et ne vivant que pour son intérêt, elle collectionne après-guerre les aventures avec des hommes riches et influents.

" Le 21 juin 1943

Après l’arrestation à Paris du Général Delestraint, chef de l’Armée secrète, Jean Moulin souhaite au plus vite réorganiser la Résistance. Une réunion de l’état-major, regroupant les chefs de file des mouvements résistants, est alors prévue, le 21 juin 1943 à Caluire, dans la maison du docteur Frédéric Dugoujon.

C’est dans cette maison que les nazis arrêtent Jean Moulin, Emile Schwartzfeld, Raymond Aubrac, André Lassagne, Bruno Larat, Albert Lacaze, Henri Aubry et René Hardy. "

" René Hardy, dit Chauvy, alias Bardot alias Didot, né le 31 octobre 1911 à Mortrée (Orne) et mort le 12 avril 1987 à Melle (Deux-Sèvres), est un résistant et écrivain français, technicien de la SNCF, célèbre pour son implication dans l'énigme Jean Moulin. "

René Hardy, résistant intègre, jusqu'à sa rencontre avec Lydie Bastien dans un café du centre de Lyon. Rencontre dûe au hasard !? Pas du tout. Lydie Bastien travaillait déjà pour les allemands et avait reçu l'ordre de vamper René Hardy, de faire en sorte qu'il tombât amoureux d'elle pour mieux le manipuler, ce qu'elle parvint sans difficultés. Après cette rencontre, Hardy ne fut plus totalement fiable !

Je ne connaissais pas cet épisode de la résistance, je ne connaissais pas l'existence de cette femme.

Le récit m'a semblé quelque peu pesant, perdu entre les différents mouvements de la résistance, entre les noms et les dates, ou est-ce moi-même qui ne me suis pas suffisamment investi dans l'histoire mais me suis montré davantage intéressé par le portrait de cette femme "hors-normes", navigant avec une adresse incroyable entre résistants et allemands, faisant preuve d'une telle assurance et d'une telle arrogance et parvenant à éviter les ennuis, la prison, s'en sortant à chaque fois tout en maintenant un train de vie élevé grâce à ses amants.

Même si la fin de sa vie, à Paris, fut moins glorieuse car éloignée des médias (elle adorait qu'on parle d'elle !), elle vécut jusqu'à sa mort suivant sa propre logique !

Complètement amorale !

Etonnant qu'un cinéaste n'ait pas encore eu l'idée de s'emparer de ce personnage. Je verrais bien Isabelle Adjani dans le rôle !