" Lore " Galeries

Réalisatrice : Kate Shortland.

Acteurs : Saskia Rosendahl, Kai Maline, Ursina Lardi, Hans-Jochen Wagner, Nele Trebs, Nika Nilson Seidl.

2012

Appréciation personnelle : ***

Lore est l'aînée d'une famille bourgeoise dont le père est officier nazi.

Nous sommes en 1945, chute du Reich, mort de Hitler, le nazisme s'effondre et les parents de Lore sont faits prisonniers par les alliés.

Lore devient responsable de ses frères et soeurs pour un long et douloureux voyage qui leur permettra de rejoindre la maison de la grand-mère près de Hambourg.

Dans ce film très joliment filmé, sobre et lent, intimiste, la cinéaste évoque l'éveil de Lore à une réalité qu'elle ne percevait pas de son adolescence privilégiée et protégée.

Confrontée à la survie, à la misère morale et physique dont elle est témoin, comprenant peu à peu les atrocités commises et dont elle ignorait tout, comprenant aussi que ses parents étaient complices de ces actes, elle se trouve déstabilisée par des vérités qu'elle doit apprendre à gérer et cela ne se fera pas sans douleurs. Confrontée aux mensonges aussi : devant les photos publiées par les alliés sur les cadavres des prisonniers dans les camps, inondant les murs pour culpabiliser la population de n'avoir rien fait pour s'opposer à la montée du nazisme et qui refuse d'y croire en répétant que les cadavres ne sont que des acteurs au service des alliés, comme cette femme qui pleure son führer mort en déplorant que les allemands l'ont déçu ou, à la fin du voyage, comme la grand-mère qui assène durement que les parents étaient des gens bien et qu'ils n'ont fait aucun mal, discours que Lore ne peut plus supporter !

Et puis il y a la rencontre entre Lore et Thomas, jeune juif rescapé des camps, entre attirance et rejet, sexualité latente et désirs qui ne parviennent pas à se concrétiser.

Bien servi par d'excellents acteurs, perte de l'innocence et accès brutal à la maturité dans un contexte âpre, la cinéaste est peut-être restée en-deçà de ce qu'elle pouvait nous proposer dans cette prise de conscience d'une époque d'horreur quand on vivait en parallèle dans la naïveté  et le bonheur, entretenus par des parents qui profitaient du régime.