Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Entre Deux Eaux
Derniers commentaires
17 avril 2016

" La Piscine - Bibliothèque " de Alan Hollinghurst

1540-1

images

 

Prix Somerset-Maugham 1989.

Alan Hollinghurst, né le 26 mai 1954 à Stroud dans le Gloucestershire, est un poète, romancier, nouvelliste et traducteur britannique, considéré comme l'un des plus grands romanciers anglais contemporains.

" La Piscine-Bibliothèque " est son premier roman et date de 1988.

Portrait du milieu homosexuel à Londres dans les années 80 juste avant l'arrivée du sida, ce livre est, semble-t-il, culte auprès des gays pour cette peinture tellement vivante d'une communauté qui s'affirmait de plus en plus ouvertement, dragues, sexe, amitiés, relations amoureuses, sont évoquées frontalement, franchise totale, honte évacuée d'être différent et soif de vivre sa différence dans la lumière même si la confrontation avec la société conformiste, et parfois cruelle, n'en est pas absente.

De la dérision, de l'humour, de la légèreté et de la gravité, dédramatisation d'une manière de vivre, déculpabilisation d'une liberté de moeurs finalement vécue aussi par les hétéros mais moins librement !

En parallèle, le personnage principal du livre, par son amitié avec un gay beaucoup plus âgé et qui lui demande de mettre de l'ordre dans ses archives, ses écrits, est témoin d'un passé moins tolérant où les homos pouvaient se faire emprisonner pour leur "différence".

Empathie pour les personnages, le livre, malgré quelques longueurs, est un document intéressant sur cet avant sida, lequel a redistribué les cartes alors que les gays gagnaient en liberté. 

Un extrait des plus libres :

" Que de différences d'un homme à l'autre. Dans les douches, parfois, et cela ne faisait qu'illustrer et confirmer un sentiment acquis ailleurs, je me trouvais stupéfait d'en apprendre encore tant sur la variété de l'organe masculin. Dans le rang des hommes alignés sous les douches, bites et couilles apparaissaient presque comme des espèces indépendantes, exhibées là, dans toutes leurs différences, à des fins pédagogiques. Ici, le long pénis apathique, là la petite queue vigoureuse ou le virginal bouton de rose d'un gamin à peine sorti de l'école. La trompe amérindienne de Carlos se balançait à côté d'un jeune Chinois trapu dont la minuscule quéquette brune était presque dissimulée par les poils mouillés, tel un champignon exotique servi sur un lit d'algues. De l'autre côté, un jeune homme d'affaires exhibait un de ces longs prépuces déprimants, très serrés autour du gland, et qui se prolongent tout mous et fripés de manière infantile, sur deux centimètres ou plus. Derrière lui, la queue d'un haltérophile, radicalement circoncise, se montrait comme toujours ambiguë, pas vraiment au repos, pas vraiment au garde-à-vous. Je l'observai ostensiblement, amoureusement, tandis qu'il se tournait d'un côté et de l'autre, inconscient de mon regard, perdu dans l'univers numérique de la gonflette. Je n'en pouvais plus et d'un mot j'attirai Carlos, tous deux ruisselants et riant sous cape, vers les toilettes, où nous nous achevâmes promptement et goulûment. "

 

Publicité
Commentaires
Entre Deux Eaux
Publicité
Archives
Entre Deux Eaux
Visiteurs
Depuis la création 69 988
Publicité