" La Belle et la meute " Actor's Studio
Réalisatrice : Kaouther Ben Ania.
Acteurs : Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Naomane Hamda, Mohamed Akkari, Chedly Arfaoui, Anissa Daoud, Mourad Gharsalli.
Festival du Film Français d'Angoulême : Prix Valois Magelis.
Lauréat du prix spécial du jury du Festival du cinéma méditerranéen à Bruxelles
2017
Appréciation personnelle : ***
Librement adapté d'un fait divers qui s'est passé en 2012, à Tunis, celui du viol perpétré par des policiers sur une jeune fille, à proximité de la boîte de nuit d'un hôtel ! Ce que le film ne dit pas c'est que les policiers ont été condamnés à des peines de prison car la jeune fille a osé porter plainte et défier le pouvoir policier et machiste dans un pays, certes très souriant pour le tourisme, mais où une femme violée porte la responsabilité de l'avoir été ! "Si une femme est violée c'est qu'elle s'était mise en position de l'être " !
Cauchemar d'une nuit au cours de laquelle Mariam, après avoir été violée, complètement paumée malgré l'aide d'un garçon rencontré dans la boîte de nuit, cherche secours à l'hôpital où elle essaie de faire reconnaître son traumatisme et ses blessures alors qu'il lui est conseillé d'aller porter plainte auparavant au commissariat sans quoi le médecin ne peut l'ausculter ! Cette plainte doit être déposée au commissariat le plus proche du lieu du viol, c'est-à-dire celui où exercent ses violeurs !
Se heurtant à une administration dure et rigide, infirmiers et médecins pour qui elle n'est qu'un cas de plus dans un hôpital encombré de malades, des policiers machistes qui essaient par tous les moyens de la faire taire et de l'effrayer. Effarouchée au début, apeurée, la jeune fille prend peu à peu conscience de ses droits mais au prix d'un véritable parcours de combattant cauchemardesque !
Documentaliste, la cinéaste traite le film comme un documentaire, en scènes fragmentées qui font avancer le récit, neuf plans-séquences pour suivre le cheminement de Mariam, de sa plongée dans l'horreur (la cinéaste a eu l'intelligence de ne pas filmer le viol, et filmer le choc psychologique était encore plus parlant !), sa fragilité puis sa détermination, mais à quel prix !
Le traitement est sec, direct, pas de mise en scène, au plus près de la jeune fille, mais d'autant plus bouleversant que nous la ressentons dans son intimité, le côté sec n'empêchant pas l'émotion.
Constat social filmé comme un film noir, horrifique par moments, une tension dramatique accompagne tout le film qui ne fait que s'intensifier pour nous laisser plutôt éprouvé.
Premier film de Mariam Al Ferjani dans le rôle de Mariam, découverte par la réalisatrice sur Facebook, 28 ans et une allure encore d'adolescente, aucune expérience en cinéma même si elle fait des études la rapprochant de ce domaine. Elle y est excellente et très émouvante !
Très beau film qui ne fut pas censuré par la Tunisie et auquel le Ministère de la Culture apporta des fonds.