Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Entre Deux Eaux
Derniers commentaires
13 avril 2019

" Sérotonine " de Michel Houellebecq

Serotonine

cover-r4x3w1000-5c2f3f6890b55-19-11-15-michelhouellebecq-sipa

 

" C'est un petit comprimé blanc, ovale, sécable.

Il ne crée ni ne transforme ; il interprète. Ce qui était définitif, il le rend passager ; ce qui était inéluctable, il le rend contingent. Il fournit une nouvelle interprétation de la vie - moins riche, plus artificielle, et empreinte d'une certaine rigidité. Il ne donne aucune forme de bonheur, ni même de réel soulagement, son action est d'un autre ordre : transformant la vie en une succession de formalités, il permet de donner le change. Partant, il aide les hommes à vivre, ou du moins à ne pas mourir - durant un certain temps.

La mort, cependant, finit par s'imposer, l'armure moléculaire se fendille, le processus de désagrégation reprend son cours. C'est sans doute plus rapide pour ceux qui n'ont jamais appartenu au monde, qui n'ont jamais envisagé de vivre, ni d'aimer, ni d'être aimés; ceux qui ont toujours su que la la vie n'était  pas  leur portée. Ceux-là , et ils sont nombreux, n'ont, comme on dit, rien à regretter ; je ne suis pas dans le même cas. "

Houellebecq est à la littérature ce que Gainsbourg est à la chanson !

Provocateur, cynique, vulgaire et frontal, sombre, désespéré,  honnête dans ce qu'il est, il fait partie de ces personnalités que l'on aime ou pas, difficile de ressentir de l'indifférence !

J'ai été happé par cette histoire, celle de Florent-Claude Labrouste, quarante-six ans, pour qui tout devrait aller bien, un boulot, des relations sentimentales, de l'argent mais il ressent mal le monde dans lequel il vit, il en ressent surtout la désespérance, l'égoïsme, le profit, la jouissance sans bonheur et il ne parvient pas s'élever au-sessus de cela ! Regret, remords, la jeunesse qui s'éloigne, exercer un travail qui ne le motive plus, n'avoir pas su retenir les femmes qu'il a aimées, entretenir une relation avec Yuzu, la jeune japonaise dont il se demande à quoi elle rime puisque de passion il n'y a pas, simplement une belle poupée à baiser, désolé !, mais nous sommes dans l'esprit du livre !, quand la libido le lui permet car, dépressif, le corps ne réponds plus de la même manière. D'ailleurs, Yuzu a une vie sexuelle trépidente à l'extérieur ! Alors cette liaison n'a plus aucun sens !

Alors, un jour, il la quitte, sans la prévenir, et ne revient pas !

Portrait pessimiste d'un homme au bout de ses envies, dans une société en pleine déliquescence, l'écriture est simple, quotidienne, fluide, il parvient à faire vivre des détails, des situations tellement ordinaires et qui sous sa plume deviennent essentielles là où servies par un autre auteur, on les trouverait ennuyeuses !

Certes, ce n'est pas joyeux et la fin est plutôt glaçante et je me suis surpris de penser à moi qui suis passé dans ma vie à côté de bien des choses sans avoir su les saisir !

Aujourd'hui quelle est la vision que l'on pourrait avoir de l'humanité !? Elle rejoint, me concernant, celle décrite dans le livre que j'ai refermé avec un sentiment de désespérance : l'homme est-il à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer de lui !? Je ne le crois pas !

 

Publicité
Commentaires
Entre Deux Eaux
Publicité
Archives
Entre Deux Eaux
Visiteurs
Depuis la création 69 964
Publicité